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dans ce somptueux palais et dont le déchiffrement doit infailliblement jeter tant de lumière sur l’histoire encore si obscure de l’empire assyrien. Ces inscriptions à Khorsabad se partagent en plusieurs classes bien distinctes : 1° celles qui se lisent au revers des plaques de revêtement ; 2° celles qui se lisent sur les seuils des portes intérieures ; 3° celles qui se lisent entre les jambes des taureaux à face humaine ; 4° celles qui servent incontestablement de commentaires aux innombrables bas-reliefs qui décorent les faces de toutes les murailles ; 5° enfin celles qui se lisent sur les bas-reliefs mêmes.

Les inscriptions de la quatrième catégorie contiennent très probablement des narrations suivies dont la possession serait d’un prix inestimable ; mais il n’est guère possible de commencer l’œuvre de déchiffrement en abordant des textes aussi étendus, malgré le secours des faits figurés que ces textes accompagnent. Il y aurait plus de chance de deviner la valeur des noms de villes et de personnages que l’on voit inscrits sur les bas-reliefs mêmes ; mais où l’on est réduit à ne marcher qu’à l’aide de la seule divination, il est bien à craindre que l’on ne s’égare. Les textes inscrits entre les jambes des taureaux sont peut-être des textes religieux ; on peut le supposer du moins en tenant compte de l’adjonction de ces textes à des représentations d’êtres éminemment symboliques et religieux. Ne semble-t-il pas que les textes inscrits sur les seuils de toutes les portes doivent contenir quelque invocation en faveur du souverain maître du palais, quelque chose comme une prière en son honneur, ou comme un éloge pompeux des vertus du monarque devant lequel on va paraître en franchissant ce passage ? Restent les inscriptions gravées, assez négligemment d’ailleurs, au revers de toutes les plaques de revêtement, et dont l’existence est sans contredit l’un des faits les plus extraordinaires que nous aient révélés les fouilles de Khorsabad. Quel était donc le caractère de ce peuple qui s’astreignait à tracer des inscriptions énormes sur toutes les pierres d’un palais, avec l’assurance que ces inscriptions ne verraient jamais le jour, mais qu’elles resteraient perpétuellement noyées dans la maçonnerie ? Certes une idée éminemment religieuse a pu seule dicter une semblable mesure, qui deviendrait inexplicable si l’on ne consentait à y retrouver un indice palpable d’une influence hiératique toute puissante. Nous n’hésitons donc pas à croire que ces inscriptions placées au revers des bas-reliefs ont un caractère religieux, et ne sont très probablement qu’une seule et même invocation, mille fois répétée en l’honneur du roi pour lequel le palais a été construit.

Tel est le caractère, telle est la destination probable des inscriptions de Khorsabad ; mais un jour viendra certainement où l’on n’en sera plus réduit à de vagues conjectures sur le sens de ces textes si précieux. Il suffit d’examiner la nature du problème que présente le déchiffrement