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de ces recherches ont paru en 1840-1841, et l’on croit, mais à tort peut-être, pouvoir en garantir l’exactitude à un quinzième près. Des travaux intéressans ont été faits, principalement dans la province, sur les perfectionnemens des diverses méthodes, l’appropriation de nouvelles cultures aux diverses localités, l’élève des animaux domestiques. Comme la partie théorique et pratique, la partie administrative et financière a été l’objet d’importantes études, et l’attention s’es portée principalement sur le crédit et l’instruction des populations rurales. L’enseignement de l’agriculture a été introduit dans un assez grand nombre d’écoles primaires, et à quelques-unes de ces écoles ont été annexées des pièces de terre que les élèves cultivent eux-mêmes. Outre les circulaires ministérielles, le gouvernement a fait rédiger des manuels élémentaires ; malheureusement ces publications, qui peuvent être utiles aux cultivateurs éclairés et amis du progrès, restent le plus souvent étrangères à ceux mêmes qui auraient le plus grand besoin de les consulter, par la raison fort simple que la plupart ne savent point lire ou n’achètent jamais de livres. Ce n’est donc qu’en propageant l’instruction élémentaire qu’on peut espérer de populariser l’instruction agricole.

Le mouvement que nous signalons commence vers 1836, et, depuis cette époque, il va toujours en s’activant. L’agriculture interroge son passé. On écrit l’histoire des travaux agricoles chez les Romains et chez les Grecs, on traduit Caton et Columelle, on réimprime Olivier de Serres. Ici encore, comme dans la théologie, comme dans la philosophie, on procède par voie d’enquête. Les monographies se multiplient, et une foule de branches accessoires, dont il était à peine question il y a quinze ans, viennent se grouper autour des branches principales. Ainsi la question chevaline, qui produit quatre ouvrages en 1833, en produit vingt en 1845. L’élève du cheval figure à cette date dans la bibliographie pour un nombre de volumes supérieur à celui dont l’éducation de l’homme était l’objet avant que la querelle universitaire eût mis les partis en présence. L’équitation, comme l’élève et les courses, forme toute une littérature qui constitue un genre nouveau, la littérature du sport, laquelle a ses journaux, et, comme l’église, la philosophie et l’économie politique, son école révolutionnaire, représentée par M. Baucher.

Ce n’est pas seulement par les livres, qui donnent une moyenne de soixante par année, mais encore par l’association que se propagent les connaissances agronomiques. Ainsi on comptait, en 1843, six cent soixante-quatre comices et cent cinquante-sept sociétés savantes, dont un grand nombre font paraître des instructions, des bulletins et des mémoires. A côté de ces institutions, il s’est constitué dans la presse périodique plusieurs journaux spéciaux. Il s’écoulera sans doute encore de longues années avant que toutes les améliorations réclamées pour l’agriculture se réalisent, et, quand on compare les vœux des conseils-généraux, des congrès agricoles, avec les vœux émis dans le XVIIIe siècle par certaines assemblées provinciales, on s’afflige de voir combien, en un sujet aussi important, le progrès rencontre d’obstacles. Les doléances, en bien des points, sont restées les mêmes ; mais, en s’alliant avec l’économie politique et toutes les sciences naturelles,