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financier. Voilà le côté peu libéral du plan de sir Robert Peel. La sécurité du crédit n’exigeait pas des sacrifices aussi étendus, ne répugnait pas à tout tempérament[1].

L’émission sur des titres publics est en quelque sorte limitée à 14 millions sterling (350 millions), dont 11 millions, montant du capital de la banque qui se trouve entre les mains du gouvernement, sont représentés en fonds consolidés, et 3 millions en bills de l’échiquier. Si la banque d’Angleterre possède des titres au-dessus de cette somme, elle ne peut émettre de billets correspondans que dans des cas prévus et après une autorisation royale. La création des 2 millions sterling (50 millions de francs) de bank-post-bills que la banque émet en outre, pour faciliter le service de la poste, appartient à un autre ordre d’idées. Ce chiffre de 2 millions sterling n’est pas excessif dans un pays où les fonde transportés par la poste se sont élevés, durant le cours du dernier exercice, à 6 millions sterling (150 millions de francs)[2].

La moyenne des billets de la banque d’Angleterre est ordinairement d’environ 20 millions sterling (500 millions de fr.), sans compter les 2 millions de bank-post-bills[3]. Il y a donc à peu près 6 millions représentés par la réserve métallique. Ce n’est que depuis 1844 que la banque est autorisée à comprendre, mais seulement pour un cinquième, les lingots d’argent dans le fonds correspondant à ses billets au porteur. Cette innovation n’enlève à personne le droit d’exiger en or le remboursement des bank-notes. La proportion même que le bill établit entre les deux métaux semble reconnaître l’insuffisance du lingot d’argent pour garantir le paiement en monnaie légale. La moyenne des dépôts qui composent, en temps ordinaire, la réserve de la banque, peut être évaluée à 10 millions

  1. Il est nécessaire de se rappeler que, pour approprier le régime de la banque d’Angleterre aux nouveaux principes, on l’a divisée en deux départemens. L’un, chargé de l’escompte (banking department), et formant à l’égard du commerce une simple maison de banque, reste investi des fonctions de banque de l’état, et reçoit pour le service de la dette publique un salaire annuel de 248,000 livres sterling (6,200,000 francs), réduit de 180,000 livres par l’impô~payé au trésor. L’autre département (issue department) a pour toutes fonctions l’émission des billets. L’issue department ne consulte jamais ni les ressources du banking department ni les besoins de l’industrie ou du commerce ; il suppute seulement le numéraire de la banque et calcule là-dessus ses émissions avec une régularité toute mécanique.
  2. En France, les envois d’argent par la poste sont loin d’atteindre un pareil chiffre. Les évaluations du budget des recettes pour 1848 n’estiment les produits de ces envois qu’à 673,000 fr., supposant, à raison de 2 pour 100, un transport de 33,650,000 francs.
  3. Le maximum légal de la circulation des autres établissemens émettant du papier est de 8,648,000 livres sterling, ce qui donne pour l’Angleterre une circulation totale de 28 à 30 millions (700 à 750 millions de fr.). Durant les quatre semaines finissant au 15 août dernier, la circulation de l’Angleterre n’arrivait qu’à 26 millions sterling, et celle des trois royaumes à 34 millions sterling. Le papier de commerce circulant dans le royaume-uni a été évalué à 100 millions sterling au moins (2 milliards 500 millions de fr.). La circulation de la Banque de France ne monte guère qu’à la moitié du chiffre de la circulation de la banque d’Angleterre. Ainsi la moyenne de ses billets au porteur a été en 1845 de 259 millions, en 1846 de 261, durant le premier trimestre de cette année de 247, et durant le deuxième trimestre de 231 millions.