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pitaine de vaisseau, occupait un rang distingué dans notre jeune marine. Les deux officiers, M. de Lapelie et M. Poidlone, qui ont fait cent cinquante lieues en mer dans des canots pour aller chercher des secours à Shanghaï, ont accompli un acte héroïque, et qu’il faut hardiment proclamer tel. Notre station de la Chine va se trouver réduite à la seule corvette la Bayonnaise, commandée par M. le capitaine Jurien de la Gravière, qui doit arriver prochainement à Macao, après avoir tourné la terre de Van-Diemen, la Nouvelle-Hollande et la Nouvelle-Guinée, pour éviter la mousson contraire qu’il eût rencontrée en suivant la route directe par le détroit et l’archipel de la Sonde.

Une perte récente a rappelé que l’époque impériale n’avait pas seulement donné à la France des généraux illustres ; l’empire en disparaissant nous avait aussi légué des hommes éminens dans la science de l’administration, qui ont su comprendre et servir tous les progrès de notre civilisation politique, M. le baron de Fréville était un de ces hommes, et sa mort laisse un grand vide dans les rangs du conseil d’état, dont il était un des vice-présidens, et dont il éclairait si vivement les délibérations tant par sa profonde expérience que par la rare élévation de ses vues. Ce représentant de la grande école administrative de l’empire avait franchement accepté toutes les conditions du régime constitutionnel, et il en avait fait une savante étude. Personne n’était plus versé que M. de Fréville dans l’histoire du gouvernement anglais et des débats, parlementaires de nos voisins. Les théories de l’économie politique ne lui étaient pas moins : familières, et il les contrôlait par la pratique. Enfin il portait dans les affaires non-seulement la plus haute rectitude d’esprit, mais encore la passion du bien. Il avait pour les intérêts généraux un dévouement chaleureux qu’on ne saurait trop louer, surtout lorsqu’on songe à l’indifférence apathique qui est un des caractères de notre temps.



REVUE LITTÉRAIRE


Nancy, histoire et tableau, par M. P. Guerrier de Dumast[1].-Parmi les ouvrages historiques qu’enfante si abondamment le patriotisme provincial, on en remarque bien peu qui méritent d’être distingués comme présentant un intérêt plus élevé que l’intérêt local, et pouvant servir à l’histoire générale de la France. C’est à cette catégorie trop peu nombreuse qu’appartient le livre de M. P. Guerrier de Dumast sur l’histoire de Nancy. Les souvenirs qu’y évoque l’auteur sont un héritage commun, pour ainsi dire, à la France et à cette province de Lorraine dont les destinées ne s’unirent aux destinées de la monarchie qu’après en avoir été long-temps séparées. L’ouvrage de M. de Dumast est divisé en deux parties : l’auteur consacre la première à l’esquisse rapide des ac-

  1. En vente chez MM. Sagnier et Bray, rue des Saint-Pères, 64, à Paris.