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DE LA


POLEMIQUE ET DES THEORIES


ANTI-CONSTITUTIONNELLES.




I. De la France, de son génie et de ses destinées, par M. Henri Martin.

II. La Démocratie au XIXe siècle, par M. Calixte Bernal.
III. La Présidence du conseil de M. Guizot et la majorité de 1847, par un homme d’état.

IV. Du Peuple depuis Moïse jusqu’à Louis-Philippe, par M. Auguste Barbet.




Le gouvernement représentatif en France est né d’hier, et déjà il ne manque pas de gens qui déclarent au nom de l’expérience qu’il n’est qu’une machine impuissante, une trêve menteuse et stérile. Ces attaques tantôt éclatent comme une protestation bruyante et font scandale, tantôt circulent comme une sourde rumeur et se donnent comme la découverte et le dernier mot de la sagesse des habiles. Les peuples ont, comme les individus, leurs momens d’ennui, leurs jours de dégoûts, et alors on les voit parler avec dédain de ce qui leur a coûté les plus grands efforts et causé les plus vives joies au jour de la réussite. Il ne faut pas prendre au grand sérieux ces désespoirs, qui parfois durent une heure. Outre les désenchantemens trop réels dont ils témoignent, il faut bien y faire entrer aussi pour une bonne part et cette inquiétude, source éternelle de mécontentement, de désordre et de progrès, et cette espèce d’orgueil, caché souvent au fond de l’ennui, qui trouve une secrète et hautaine satisfaction à traiter comme une illusion de plus, comme un mensonge à ajouter à tous les mensonges, ce qui a paru long-temps le bien idéal. On ne saurait manier toutefois trop délicatement ces maladies de l’opinion, tout imaginaires qu’on les suppose ;