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LA HONGRIE


ET


LE MOUVEMENT MAGYARE.




On applique indistinctement le nom de Hongrois aux peuples très divers qui sont disséminés sur le vaste territoire des deux royaumes annexés de Hongrie et de Croatie et dans la principauté des Sept-Forteresses ou de Transylvanie. Les Magyares sont l’un de ces peuples, et ils ont joué naguère le rôle de promoteurs dans le mouvement politique des jeunes nationalités de cette partie de l’Europe orientale ; mais aujourd’hui ce mouvement, qui a favorisé l’essor des races, semble tourner contre eux. A côté des Magyares ou parmi eux vivent et s’agitent trois autres peuples qui leur disputent vaillamment et la place et l’influence, les Slovaques au nord, les Valaques à l’est, les Croates au midi. Les Slovaques et les Croates appartiennent à deux familles de la race slave, ceux-ci à la famille illyrienne, ceux-là à la famille tchèque ; les Valaques sont Roumains. Quant aux Magyares, ils sont les derniers venus sur le sol hongrois[1] ; en y arrivant, ils trouvèrent les Slaves, qui, de temps immémorial, cultivaient ces riches contrées sous le nom de Pannoniens et d’Illyriens, et les Valaques ou Vlask, qui, au second siècle de l’ère chrétienne, avaient pris la place des Daces, exterminés par Trajan. Quelle était l’origine des Magyares ? Toutes leurs traditions écrites ou

  1. On laisse ici de côté, bien entendu, les Allemands, les Zingares, les Arméniens, les Bulgares, qui sont répandus çà et là et constitués en colonies plus ou moins florissantes au milieu de ces peuples.