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s’effectuent par toutes les soupapes diverses que nous avons mentionnées, par les circonférences du piston propulseur et des pistons pneumatiques, et par les joints des tuyaux, enfin d’aspirer l’air que le piston propulseur comprime incessamment devant lui quand il est en marche. Tous ces élémens doivent entrer en ligne de compte pour établir la puissance des machines pneumatiques d’un rail-way atmosphérique. Celles du chemin de Nanterre à Saint-Germain sont au nombre de quatre, une à Nanterre, une à Chatou et deux à Saint-Germain. Chacune de ces machines, dont la force est de 200 chevaux, peut extraire 4 mètres cubes d’air par seconde, et à chacune est associée une petite machine auxiliaire de 20 chevaux pour le service de condensation et d’alimentation des chaudières. Ces puissantes machines sont à condenseur, à détente et à haute pression, à cylindres horizontaux et partant sans balanciers ; les tiroirs y sont remplacés par des soupapes de Cornouailles. Elles ont coûté 180,060 francs chaque. Les pistons, marchant avec une vitesse de 2 mètres par seconde, communiquent par une bielle et une manivelle le mouvement à un pignon, puis à une énorme roue dentée dont le diamètre n’a pas moins de 5 mètres. Cette roue le transmet elle-même également par une bielle et une manivelle aux pistons pneumatiques. La double machine de Saint-Germain fonctionne seule en ce moment pour remonter les trains du Vésinet ; l’aspect en est vraiment grandiose ; elle est établie dans un beau bâtiment, construit tout entier en pierres de taille, dans lesquelles on a tranché à vif la place des diverses pièces. Une élégante charpente, — digne en tous points de celles qu’a déjà établies M. Eugène Flachat, l’habile ingénieur du chemin, — supporte la toiture, qui converge, en s’inclinant, vers une colonne creuse placée au centre de l’édifice, et dans l’intérieur de laquelle s’écoulent les eaux pluviales. Le bâtiment des chaudières, au nombre de trois pour chaque machine, mais servant indifféremment à l’une et à l’autre, est distinct du précédent.

Ordinairement les machines fixes sont continues ; ici elles sont intermittentes et fonctionnent seulement quatre minutes et demie par heure. Ces conditions, ou le conçoit, sont extrêmement désavantageuses et donnent lieu à une grave objection contre le système atmosphérique. Il serait à désirer pour ce système que, suivant l’opinion émise par M. Arago à la chambre des députés, des usines vinssent se grouper autour de ces moteurs pour leur emprunter une force régulièrement disponible. Ces fâcheuses intermittences et les interruptions qui résulteraient d’un accident ont fait penser à un réservoir en maçonnerie ou en briques dans lequel on ferait, pour ainsi parler, une provision de vide à l’aide d’une machine qui pourrait être assez faible, puisqu’elle fonctionnerait toujours. Ce système, dont M. Crelle vante les avantages incontestables, et que M. Andraud voudrait appliquer à l’air comprimé, a été soumis par M. Arnollet à l’Académie des Sciences. La commission chargée de l’examiner a déclaré qu’il n’y avait pas lieu de résoudre la question par une expérience. Quoi qu’il en soit, comme il faut à Saint-Germain que la température de la chaudière se conserve, on laisse tomber le feu pendant trois quarts d’heure ; puis, avec un ventilateur que fait mouvoir le volant d’une des petites machines, on active le tirage pour le rallumer. Cette manière d’opérer est singulièrement facilitée par la forme particulière des chaudières, dans lesquelles la surface de chauffe est, à l’instar des locomotives,