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et de stabilité. » C’était tout ce qu’un général républicain pouvait dire à une nation républicaine. Une feuille créée pour servir d’organe au parti monarchique, le Tiempo, compléta les paroles du président et prêcha ouvertement la nouvelle religion politique. Malheureusement les États-Unis, en envahissant le Mexique, précipitèrent de nouveau ce pays dans une phase d’anarchie qui fut propice à l’ambition de Santa-Anna. Le parti monarchique dut rentrer dans l’ombre, et les élémens qui le composaient furent disséminés.

On a lieu de s’étonner que, depuis l’ouverture des hostilités entre le Mexique et les États-Unis, aucune tentative d’intervention sérieuse dans les affaires du pays n’ait signalé à l’Europe l’existence du parti monarchique. Une invasion protestante, une invasion déterminée en partie par les vues intéressées d’une nation industrielle et commerçante, ne devait pas, ce nous semble, trouver tant d’indifférence dans le clergé, dans les riches propriétaires qui désirent l’établissement d’une monarchie mexicaine. Depuis un an, il faut bien le dire, nous cherchons en vain au Mexique un parti qui ait à la fois l’intelligence des intérêts du pays et l’énergie, le courage que ces intérêts réclament. En admettant toutefois que le parti monarchique pût prendre quelque jour au Mexique une réelle autorité, conviendrait-il de s’associer à toutes ses espérances ? Nous l’avouerons, ce qui nous frappe dans les vœux de ce parti, c’est moins le but que les sympathies pour l’Europe dont ces vœux sont le témoignage. Les maux qu’on voudrait guérir ne doivent pas tous être imputés à un mauvais système de gouvernement. Le plus grand tort du Mexique, ce qui a fait surtout sa faiblesse jusqu’à ce jour, c’est d’avoir trop compté sur lui-même, d’avoir écarté les étrangers avec un aveugle acharnement, au lieu de les accueillir avec reconnaissance. Il est cruellement puni aujourd’hui de cette folle présomption. Saura-t-il profiter d’une si sévère leçon ? Vis-à-vis de l’Europe, vis-à-vis de la France surtout, il s’est montré trop souvent animé d’une haine intraitable. On aimerait à croire que l’issue de la guerre actuelle déterminera dans la partie éclairée de la nation mexicaine un retour à de plus nobles, à de plus saines tendances. Selon nous, ce n’est pas du triomphe d’un parti que dépend l’avenir du Mexique ; c’est d’une révolution plus profonde qui se ferait, non pas dans les principes, mais dans les mœurs. Au lieu d’employer tous ses efforts à repousser l’influence européenne, le Mexique devrait désormais en favoriser avec empressement les progrès. L’étude de nos institutions, de nos idées, voilà ce qui pourrait relever cette nation abattue, en resserrant des liens trop long-temps relâchés entre elle et l’Europe.

Quant à l’Europe, son désir doit être aussi de renouer ces liens. On ne peut aujourd’hui suivre sans inquiétude les progrès incessans de l’Amérique du Nord. Si les nationalités voisines de l’Union devaient