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que les factieux s’empressèrent de mettre à profit son absence. Paredes lui-même, abandonné par ses soldats, dut prendre le chemin de l’exil, au lieu de marcher à l’ennemi. Le 4 août, le général don Mariano Salas, commandant les troupes restées à Mexico, se prononça contre Paredes et fit officiellement au gouvernement des sommations qui portaient en substance : 1° qu’on élirait un nouveau congrès d’après les règlemens électoraux de 1824 (la première constitution mexicaine), et que le régime monarchique si odieux à la nation disparaîtrait à jamais du programme politique ; 2° que tous les citoyens fidèles à leur pays, y compris les exilés, seraient appelés de nouveau à venir offrir leurs services dans la crise actuelle, et que le benemerito général Santa-Anna serait reconnu comme le chef de l’armée destinée à combattre l’invasion. Ce nouveau plan, présenté en des termes où la courtoisie s’alliait à la menace, n’obtint d’abord que des réponses évasives. Salas, impatienté, fixa à deux heures la solution de la question ; la réponse du gouvernement n’ayant pas été rendue à l’heure dite, le général prononcé disposait tout pour une attaque, quand deux parlementaires se présentèrent aux insurgés, demandant qu’une commission fût nommée de part et d’autre pour discuter les points en litige. La discussion fut fixée à cinq heures ; la commission des prononcés fut seule exacte au rendez-vous. Après une heure d’attente, elle reçut une nouvelle communication du gouvernement, qui promettait de réunir à sept heures un conseil de guerre chargé de statuer sur les sommations de Salas. Celui-ci était à bout de patience. A la tête de deux colonnes composées d’infanterie, de cavalerie et d’artillerie, il s’avança sans rencontrer d’obstacle jusqu’au palais qu’il cerna. Ce mouvement arracha au gouvernement une nouvelle promesse : la commission qu’il avait nommée devait se rendre à neuf heures du soir dans une maison de la rue des Plateros. Ce délai fut accepté, et cette fois la commission choisie par le vice-président Bravo devança d’une heure le moment fixé. Une longue discussion s’éleva entre les envoyés des deux partis ; elle dura jusqu’à une heure et demie du matin. On finit par convenir qu’une garde d’honneur serait accordée au vice-président Bravo, que ni lui ni les siens ne seraient inquiétés, que le gouvernement déposerait ses fonctions, et que les troupes cantonnées dans le palais demeureraient aux ordres du général Salas, chargé de l’autorité suprême jusqu’au retour de Santa-Anna. La révolution était consommée. Dans la nuit du 5 au 6, Salas occupa le palais, et au point du jour, le tocsin sonnant à toute volée, les fanfares et les fusées annoncèrent aux habitans de la capitale mexicaine qu’ils avaient encore une fois changé de maîtres. Le gouvernement de Paredes avait duré sept mois.