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verain. Cette réunion devra s’occuper de la réforme du système municipal. Ce n’est point là une représentation nationale ; mais ces mesures établissent un droit important, celui d’examen, de remontrance et de consultation.

Voilà bien des pas faits en peu de temps et dans une voie que l’Italie avait jusqu’ici ignorée, la voie de la légalité. Nous avons la confiance qu’elle s’y maintiendra jusqu’au bout, et ne compromettra, par aucune démarche inconsidérée, l’œuvre si heureusement commencée. C’est une condition d’existence pour le parti libéral en Italie. Quant à nous, placés à distance et à un point de vue désintéressé, il nous est possible de juger et d’apprécier les faits sans passion, et d’indiquer les écueils dont la route est semée. L’expérience acquise par cinquante années de luttes ne doit pas être perdue pour les populations qui naissent à la vie politique, et leur peut épargner les épreuves d’une longue et pénible initiation.

Il ne conviendrait pas d’attribuer trop de gravité à certaine effervescence populaire qui s’est produite dernièrement à Livourne et à Pise, à l’occasion de l’anniversaire de l’exaltation de Pie IX. Par une coïncidence malheureuse, le gouvernement avait publié, peu de jours auparavant, une loi contre les rassemblemens ; il eût été peut-être à la fois habile et prudent de choisir une époque plus convenable et de ne pas la promulguer à la veille d’une manifestation attendue. Le peuple a vu dans cette circonstance une provocation. A Pise, les étudians et la masse de la population se sont portés, le 16 juin, au palais du gouverneur, qui a eu le bon esprit d’accorder ce qu’il ne pouvait empêcher, et la fête s’est célébrée sans trouble. A Livourne, l’autorité a cru devoir résister et a fait fermer les portes de la cathédrale au peuple, qui, accouru en foule sur la place publique, a forcé les prêtres à chanter le Te Deum en plein air, et s’est ensuite répandu dans les rues en déchirant la notification du gouvernement. Un blâme sévère a accueilli ces démonstrations, et la presse de Florence s’est justement élevée contre des actes qu’il convient de prévenir dorénavant, si l’on ne veut pas fournir le plus léger prétexte aux ennemis de la liberté.

Le gouvernement de la Toscane ne poursuit pas avec moins d’activité que celui de la Sardaigne la construction de ses chemins de fer. Un nouveau tronçon de la ligne de Livourne à Florence vient d’être livré à la circulation : c’est l’espace compris entre Pontedera et Empoli, représentant un quart de la longueur totale. C’est le 21 juin qu’a eu lieu l’inauguration à laquelle présidait l’évêque de San-Miniato, au milieu d’un concours considérable. La dernière fraction, celle d’Empoli à Florence, ne pourra être terminée qu’à la fin de 1848, à cause des obstacles nombreux que rencontrent les travaux dans la vallée étroite et tortueuse de l’Arno. On travaille à la fois sur la ligne de Sienne à Empoli et sur celle de Florence à Pistoja par Prato. La ligne de Lucques à Pise est en pleine exploitation. Il n’est pas inutile de remarquer que, depuis cinq années que date l’établissement des chemins de fer en Toscane, on n’a pas eu encore à enregistrer un seul accident sur ces différentes lignes.

Ainsi que nous le faisions remarquer dernièrement, la question des chemins de fer est pour l’Italie, plus que pour tout autre pays, une question de nationalité. L’abolition des douanes intérieures et la liberté des échanges entre les divers états en sont la conséquence forcée, comme le prouve la convention que viennent de conclure les deux gouvernemens,de Toscane et de Lucques. La fron-