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LA POESIE HOMERIQUE


ET


L'ANCIENNE POESIE FRANCAISE.




D'UN SERVICE QUE PEUT RENDRE ENCORE AUJOURD'HUI L'ANCIEN FRANCAIS.




PREMIERE PARTIE


I. – L’ANCIEN FRANCAIS EST-IL UN PATOIS BARBARE ?

Traduire un chant d’Homère en langage français du XIIIe siècle est un essai qui réclame toutes sortes de justifications et d’explications. Un pareil travail ne peut se présenter sans un passeport, et je conviens tout le premier que si, en tournant les feuillets de cette Revue, on rencontrait sans avis préalable des vers écrits dans le goût du poème de Berthe aux grands pieds, on aurait toute raison d’être surpris. C’est à prévenir cette première surprise qu’est destinée la brève dissertation qui précède cet essai, ou plutôt la dissertation et l’essai sont les deux parties d’un même tout. La première, sans le second, resterait à l’état d’hypothèse dépourvue de toute réalité et un simple paradoxe d’érudition ; le second, sans la première, n’aurait aucune raison d’être et se présenterait comme une conclusion sans prémisses, et tous deux ont pour objet de prouver cette thèse, qu’Homère ne peut être traduit que dans la vieille langue de nos romans de chevalerie.