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lord John Russell, le plus nombreux il est vrai qu’ait jamais eu l’Angleterre, se compose de seize membres ; il y a en outre vingt-huit postes politiques importans, la plupart largement rétribués, plus une vingtaine de places très recherchées dans la maison de la reine, qui sont à la disposition d’un cabinet nouveau, et qui changent toujours avec le ministère. Si l’on songe que le parti whig proprement dit est composé, dans la chambre des communes, de 140 membres environ, et que nous venons d’énumérer plus de soixante places qu’à son avènement au pouvoir il a eu à distribuer entre ses membres, l’on pourra juger des grands moyens d’influence qu’ont en Angleterre les chefs de partis pour satisfaire et tenir ensemble leurs amis politiques.

Voyons maintenant la manière dont les fonctions sont distribuées.

En Angleterre, le premier des départemens ministériels est le trésor ; depuis que les fonctions de lord-trésorier ont été abolies (en 1714), le trésor est administré par une commission qui est composée d’un premier lord, du chancelier de l’Échiquier, quand ces deux fonctions ne sont pas réunies dans la personne du premier ministre. Ordinairement, quand le chef du gouvernement est membre de la chambre des communes, il est en même temps premier lord de la trésorerie et chancelier de l’Échiquier. Sir Robert Peel, en 1841, désirant, pour s’occuper de l’ensemble des affaires, se décharger du détail d’une administration spéciale, dérogea le premier à cet usage. Le véritable administrateur des finances est le chancelier de l’Échiquier. Le premier lord-président de la commission ne conserve qu’un contrôle général et la nomination aux hauts emplois dans les finances. Du reste, le chef du cabinet n’est pas nécessairement à la tête du trésor, bien que, depuis le dernier ministère de Chatham (qui était lord du sceau privé), l’usage n’ait point varié à cet égard. Le premier ministre a l’œil sur tout ; il est l’ame de l’administration ; il a plus ou moins d’action et d’influence, selon la force de sa volonté, la grandeur de ses talens et l’étendue de ses connaissances. Sous le ministère de sir Robert Peel, il n’y avait guère de mesure importante à la rédaction de laquelle il n’eût contribué, qui n’ait été proposée ou défendue par lui.

Jusqu’à 1794, il n’y avait eu que deux secrétaires d’état, celui des affaires étrangères et celui de l’intérieur. À cette époque, on en créa un troisième qui fut chargé de la direction de la guerre extérieure. En 1801, on détacha les colonies du ministère de l’intérieur pour les ajouter à la guerre, et le ministre prit le titre de secrétaire d’état de la guerre et des colonies. A chacun de ces ministères sont attachés deux sous-secrétaires d’état : l’un, personnage politique, entre et sort avec le cabinet ; l’autre est permanent, représente les traditions et possède la pratique des affaires. A la tête de la marine est quelquefois placé un grand-amiral ; mais l’amirauté, comme le trésor, est ordinairement administrée