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Ainsi fut mon appel de votre ame entendu,
Et vous me répondez dans notre cher langage.
Ce charme triste et doux, tant aimé d’un autre âge,
Ce pur toucher du cœur, vous me l’avez rendu.

Était-ce donc bien vous ? Si bonne et si jolie,
Vous parlez de regret et de mélancolie.
— Et moi, peut-être aussi j’avais un cœur blessé.

Aimer n’importe quoi, c’est un peu de folie.
Qui nous rapportera le bouquet d’Ophélie
De la rive inconnue où les flots l’ont laissé ?

Mai 1843.







Vous les regrettiez presque en me les envoyant
Ces vers, beaux comme un rêve et purs comme l’aurore.
Ce malheureux garçon, disiez-vous en riant,
Va se croire obligé de me répondre encore.

Bonjour, ami sonnet, si doux, si bienveillant,
Poésie, amitié que le vulgaire ignore,
Gentil bouquet de fleurs, de larmes tout brillant,
Que dans un noble cœur un soupir fait éclore.

Oui nous avons ensemble, à peu près, commencé
À songer ce grand songe où le monde est bercé.
J’ai perdu ces procès très chers, et j’en appelle ;

Mais en vous écoutant tout regret a cessé.
Meure mon triste cœur, quand ma pauvre cervelle
Ne saura plus sentir le charme du passé !







II.


À M. C. H…


Il faut dans ce bas monde aimer beaucoup de choses,
Pour savoir après tout ce qu’on aime le mieux :
Les bonbons, l’océan, le jeu, l’azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.