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que les souverains aiment à former dans tout l’Orient. Les récits des voyageurs qui ont pu pénétrer au Japon sont unanimes à attester que les palais de l’empereur offrent de l’or à profusion ; cependant l’exploitation des mines paraît s’y être fort ralentie. Les estimations de M. Jacob, répétées par M. Berghaus, attribuent à l’Asie méridionale, y compris l’archipel de la Sonde, 11,900 kilogrammes d’or et, avec la Turquie d’Asie, 25,000 kilogrammes d’argent. Déduction faite des îles de la Sonde et de la Turquie d’Asie dont nous avons déjà tenu compte, ce serait 7,200 kilogrammes d’or et environ 14,000 kilogrammes d’argent seulement. Si l’on jugeait à propos d’avoir égard à ces quantités de métaux précieux, qui me semblent, dans leur évaluation, bien hypothétiques, et dont la totalité ne parvient pas au marché général du monde, on arriverait aux résultats suivans :


789,000 kil. d’argent, d’une valeur de 175,333,000 fr
55,698 kil. d’or « 191,843,000
Total de la production des deux métaux 367,176,000 fr

Ainsi il y aurait 1 kilog. d’or contre 14 kilog. d’argent, ou 1 franc en or contre 92 centimes en argent.

Il est très digne de remarque qu’en ce moment la production de l’or représente une somme égale et même supérieure à la production de l’argent. C’est un fait nouveau dans l’économie générale de la civilisation. Rien de pareil ne s’était vu depuis le milieu du XVIe siècle, et personne ne s’y serait attendu il y a trente ans.

La chaîne des Andes d’un côté et la Russie asiatique de l’autre sont les deux principales sources des métaux précieux. Dans la production générale du monde, l’Amérique fournit 78 pour.100 de l’argent, la Russie boréale 41 pour cent de l’or.

Ici se présente naturellement une grande question, celle de savoir ce que deviennent tout cet argent, tout cet or, où est passé tout ce qui est sorti des mines. Ce problème a été longuement agité, particulièrement pour l’argent et l’or qu’a donnés l’Amérique, et, après toutes les discussions auxquelles on s’est livré, on est réduit encore à de vagues conjectures, à des estimations sommaires. On calcule qu’il y a en Europe une masse d’espèces monétaires de 8 milliards, qui se renouvelle perpétuellement, mais aussi dans laquelle on puise sans cesse pour les besoins des arts. Le courant des échanges a pendant très long-temps transporté de fortes quantités d’argent d’Europe et d’Amérique dans les Indes et en Chine. On supposait, au commencement du siècle, que c’était une exportation annuelle de 117 millions, somme vraiment énorme et probablement exagérée ; mais, depuis lors, ce courant, jusqu’alors