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Il en est autrement des centimes additionnels prélevés pour le compte des départemens et des communes. Cette portion de l’impôt foncier étant de sa nature variable, et l’établissement en étant en général de date récente, on peut dire qu’elle tombe à la charge des propriétaires actuels : c’est pour eux un sacrifice véritable, c’est une retenue à faire sur le revenu qu’ils ont réellement acquis ; mais il ne faut pas oublier que les centimes additionnels sont communément employés en améliorations foncières, en construction de routes, de ponts, de canaux, qui augmentent les facilités de l’exploitation du sol et ajoutent par conséquent à la valeur des fonds. Le sacrifice n’est donc pas fait en pure perte, ni même pour les besoins généraux du pays ; il tourne essentiellement à l’avantage de ceux qui se l’imposent. A le bien prendre, ce n’est là pour les propriétaires qu’un placement, placement très fructueux quand l’emploi des deniers est fait avec intelligence. Sur ce point, comme sur l’autre, il n’est donc pas exact de dire que les propriétaires du sol aient aujourd’hui aucun fardeau à supporter.

Dans le fait, il n’y a de charges réelles pour la propriété foncière, dans notre état présent, que celles qui résultent des droits de mutation et des frais qui entraînent les hypothèques. Pour celles-là, il est fort à souhaiter qu’on les allége d’autant mieux que notre système hypothécaire est vicieux et que les droits de mutation font obstacle au classement régulier de la propriété foncière, en entravant d’une manière fâcheuse les transactions. Il est bon de remarquer cependant que ces charges ne sont pas de celles qui puissent aggraver le prix de revient des produits du sol, puisqu’elles affectent la propriété seule, sans altérer en rien les conditions de l’exploitation, et que d’ailleurs elles ne retombent sur les propriétaires mêmes que dans certains cas particuliers. Disons donc hautement que tout ce qu’on allègue à cet égard n’a pas de fondement sérieux. Non, les cultivateurs français ne sont pas plus grevés que les autres, et il n’y a rien en tout cela qui justifie ou qui explique la cherté relative de leurs produits. Quand on supposerait même toutes ces charges aussi réelles qu’elles le sont peu, croit-on qu’elles ne seraient pas amplement compensées par la sécurité dont le cultivateur jouit en France, par les facilités qu’on lui procure pour ses transports, dans les routes, les ponts, les canaux et le reste ? Les habitans des pays neufs seraient trop heureux de jouir des mêmes avantages à ce prix.

Il y a, du reste, dans le parallèle qu’on établit entre la culture de certains pays étrangers et la nôtre, un fait majeur, une circonstance