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De cette manière, le mécanisme de la Banque n’ajoute absolument rien aux moyens de crédit et n’a aucune puissance pour remplacer une partie des écus par un signe représentatif moins dispendieux. On réclame depuis quelque temps l’émission de billets de 100 francs, qui seraient fort commodes pour remplacer l’or, dont la France est tout-à-fait dépourvue. Assurément cette nouvelle classe de billets ajouterait beaucoup à la circulation de la Banque, et en même temps à ses moyens de crédit, à l’étendue des services qu’elle rend au commerce.

Si les billets de la Banque de France avaient cours partout, au lieu d’être inconnus hors de l’enceinte de Paris au point qu’un commerçant de province à qui on les présente les regarde comme des curiosités, ils se substitueraient bien vite à une partie du numéraire métallique. L’émission de billets de 100 francs contribuerait à les accréditer partout, en les faisant pénétrer dans les transactions de chaque jour, de la vie courante. Un autre moyen de rendre beaucoup plus usuel l’emploi des billets de banque serait que les receveurs de l’impôt les acceptassent plus volontiers en paiement ; ils ne le font aujourd’hui que par manière de grace. Les billets de banque à échéance fixe et portant intérêt, justement recommandés depuis quelques années, qui ne seraient, après tout, que l’imitation, sous une forme mieux appropriée aux échanges, des bons du trésor ou du papier émis avec succès par la caisse Laffitte et la caisse Ganneron, pourraient aider puissamment à remplacer dans la circulation l’excès de métaux précieux qui s’y trouve, et ils tendraient à ce but sans provoquer l’inquiétude légitime que fera toujours naître une grande masse de monnaie de papier dont le remboursement en espèces est immédiatement exigible, ainsi qu’il l’est pour les billets de banque actuels, qui sont au porteur et à vue. Enfin, si nous voulons restreindre, autant qu’on doit le désirer, la portion du capital national qui, pour servir aux besoins des échanges, se détourne de la production, et, sous la forme de numéraire métallique, n’a plus, pour ainsi dire, qu’une valeur latente, il faudrait que nous empruntassions, dans la vie commerciale et dans la vie ordinaire, les habitudes dont d’autres peuples se trouvent bien. Il serait nécessaire, par exemple, de se défaire du déplorable penchant à thésauriser en cachant des espèces métalliques. Il faudrait encore que le service des paiemens journaliers de toute sorte subît chez nous la centralisation à laquelle il est soumis parmi les populations anglo-saxonnes des deux hémisphères.


III. – DE LA PRODUCTION DE L'EUROPE EN OR ET EN ARGENT AU COMMENCEMENT DU XIXe SIECLE.

L’Europe renferme un très petit nombre de mines d’or et d’argent. La majeure partie de l’or y est le produit des lavages. L’argent provient