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races qui les possèdent aujourd’hui, sous la direction des Américains du nord. C’est peut-être ainsi seulement que les mines péruviennes de Pasco, jusqu’à ce jour indignement exploitées, seront forcées de livrer les inépuisables trésors qu’elles recèlent.

Dans ces circonstances, la production des métaux précieux se développera beaucoup, on ne saurait en douter. La chaîne des Andes, qui, au milieu de toutes les chaînes de montagnes dont la surface de la terre est parsemée, se distingue par sa longueur de plus de 14,000 kilomètres en ligne droite, n’est pas moins extraordinaire par l’abondance des métaux précieux dont la nature l’a injectée. Se réduisît-on au Mexique, c’est déjà prodigieux. M. de Humboldt a exprimé de mille manières, et toujours dans les termes les plus positifs, son admiration et sa confiance en l’avenir de la production des métaux précieux dans le Nouveau-Monde. Je reproduirai ici quelques-uns des témoignages que la contemplation de ces terrains métallifères lui arrachait :

« Si l’on considère la vaste étendue de terrain qu’occupent les Cordilières et le nombre immense des gîtes de minerai qui n’ont pas encore été attaqués, on conçoit que la Nouvelle-Espagne, mieux administrée et habitée par un peuple industrieux, pourra donner un jour à elle seule les 163 millions de francs que fournit actuellement l’Amérique entière. Dans l’espace de cent ans, le produit annuel de l’exploitation des mines mexicaines s’est élevé de 25 à 110 millions de fr.[1]. »

Ailleurs : « L’Europe serait inondée de métaux précieux, si l’on attaquait à la fois, avec tous les moyens qu’offre le perfectionnement de l’art du mineur, les gîtes de minerai de Balaños, de Batopilas, de Sombrerete, du Rosario, de Pachuca, de Sultepec, de Chihuahua, et tant d’autres qui ont joui d’une ancienne et juste célébrité. » Plus loin encore : « Il n’y a aucun doute que le produit des mines du Mexique ne puisse doubler ou tripler dans l’espace d’un siècle. »

Voici venir maintenant ce peuple industrieux supposé parle naturaliste philosophe ; ce peuple dévore le temps, et ce qui pour d’autres réclamerait l’espace d’un siècle peut n’être pour lui que l’affaire de vingt-cinq ans.

Tous les hommes compétens qui sont venus après l’illustre auteur du Voyage aux régions équinoxiales ont parlé de même. M. Duport, par exemple, écrivait, en les motivant, les lignes suivantes : « C’est assez dire que les gisemens travaillés depuis trois siècles ne sont rien auprès de ceux qui restent à découvrir… Mais sans chercher de nouveaux districts on peut, dans les anciens, suivre encore les travaux avec plus de chances de succès qu’on ne le croit généralement. Après avoir visité seulement Tasco, Real del Monte et Guanaxuato, M. de Humboldt disait,

  1. Nouvelle-Espagne, tom. III, page 341.