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sous les pieds des hommes ou des chevaux ; puis le lavage, la compression de l’amalgame et l’évaporation du mercure.

Afin de traduire en signes sensibles l’importance du rôle que joue, chaque matière ou chaque opération dans la production de l’a reproduis ici un calcul de M. Duport, qui a eu l’idée d’exprimer en grammes d’argent les divers labeurs et les consommations diverses qui correspondent moyennement à un kilogramme de métal produit, conduit au port et embarqué :


grammes d’argent
1° Sel et magistral 61
2° Mercure 112
3° Trituration 171
4° Travail du minerai trituré 72
5° Loyer et direction 38
6° Droits du gouvernement, y compris le monnayage. 145
7° Frais de fonte, transport, embarquement 35
8° Restant pour l’extraction du minerai et pour les bénéfices 366
Total égal au kilogramme 1,000 grammes

A Guanaxuato et à Zacatecas, qui sont au centre des terres, à égale distance de l’Océan Pacifique et du golfe du Mexique, à moins de 300 kilomètres de l’inépuisable réservoir de sel dont la nature a entouré les continens, le sel se paie encore, sans droits, de 40 à 50 fr. par 100 kilogrammes. En Europe, le sel, sur les bords de la mer, ne vaut à peu près que la peine de le ramasser[1], tant a été perfectionné l’art de l’extraire, car le sel brut, dans des marais salans bien aménagés, ne revient pas à plus de 30 cent. les 100 kilog.[2]. Abstraction faite de l’impôt, la valeur du sel, en France, sur un point quelconque du territoire, ne dépasse que de très peu, sauf les cas de monopole, les frais de transport qui, sur nos routes de France, sont de 2 centimes par 100 kilog. et par kilomètre. À ce compte, pour une distance de 300 kilomètres, les 100 kilogrammes de sel ne devraient coûter guère plus de 6 francs environ. Au Mexique, à peu de distance des gîtes argentifères qu’on exploite avec le plus d’activité, la nature a placé des lagunes, celle surtout de Perron Blanco, dont les eaux sont salées, et qui occupe un terrain où tout fait présumer l’existence du sel gemme. Dès qu’on exploitera convenablement cette localité, le prix du sel sera réduit des deux tiers

  1. Le sel vaut à Guanaxuato 12 piastres la charge de 138 kilogrammes ; la piastre a le poids de 5 francs 43 cent. ; à ce compte, les 100 kilogrammes reviennent à 47 francs 22 centimes.
  2. En ce moment, c’est sans exagération qu’on peut dire qu’il ne vaut pas la peine d’être ramassé. Sur les bords de la Méditerranée s’organise maintenant une industrie due à un savant chimiste, M. Ballard, pour l’extraction du sulfate de soude de la mer. On devra fabriquer à cet effet d’immenses quantités de sel comme produit intermédiaire obligatoire ; mais ce sel sera abandonné ou rejeté à la mer.