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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 mars 1847.


Après la longue interruption qui avait suivi les débats de l’adresse, la chambre a retrouvé l’intérêt et la vivacité d’une discussion politique. Non-seulement il y a eu une lutte animée et brillante entre l’opposition et la majorité, mais, au sein même de la majorité, on a pu croire un instant à des symptômes d’ébranlement et de scission. Dans la chambre de 1846, il y a cent membres qui ne siégeaient pas dans la chambre de 1842. L’arrivée de cent députés nouveaux a été, nous l’avons dit dès le principe, une des particularités les plus saillantes des élections de l’été dernier. Ils apportaient nécessairement au sein du parti conservateur, car la plupart appartiennent à la majorité, des divergences, certains instincts de mouvement et de progrès, un peu d’indiscipline, enfin de l’ambition. Aussi ne devait-ce pas être un des moindres soucis du ministère que de mettre l’accord et l’harmonie entre les anciens conservateurs et les nouveaux. Les premiers, forts de leur expérience et d’une longue possession de la majorité, sont naturellement peu disposés à des concessions envers ceux de leur parti qui débutent dans la carrière parlementaire, et ces derniers, de leur côté, montrent d’autant plus d’assurance, ils sont d’autant plus confians dans leurs idées, qu’ils n’ont encore rien fait. C’est la marche ordinaire des choses. Au fond, ces tendances diverses sont, pour le gouvernement et la majorité, une véritable force, et ç’a été une des bonnes fortunes de la politique conservatrice que d’avoir conquis des hommes nouveaux plus que tout autre parti. Seulement, à un jour donné, ces tendances diverses peuvent devenir un embarras et amener des divisions passagères soit sur les personnes, soit sur les choses. Lorsqu’il a fallu tomber d’accord sur un candidat pour la vice-présidence que laissait vacante l’entrée de M. Hébert au ministère, le choix de M. Duprat, auquel le cabinet a cru devoir s’arrêter, fut loin de rencontrer une approbation générale non-seulement parmi les membres nouveaux de la majorité, mais même chez d’anciens conservateurs. Sans nier les