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Les deux procédés dont nous venons de donner une idée font, on le voit, le plus grand honneur à l’esprit d’invention et de perfectionnement de nos industriels. Ils peuvent d’ailleurs être considérés comme types des deux genres principaux d’impression : l’impression en relief et l’impression en taille-douce.

Nous n’avons plus, pour compléter ces indications générales, qu’à parler de l’apprêt que l’on fait subir aux étoffes avant de les livrer au commerce. Une première préparation qui s’applique spécialement aux toiles revêtues de couleurs garancées consiste à les plonger, comme s’il s’agissait de les teindre, dans des bains alternatifs de savon et d’acides. On croyait primitivement que cet avivage n’avait d’autre objet que de débarrasser les tissus des matières étrangères introduites pendant la fabrication, qui pouvaient ternir la pureté des nuances. Un examen plus attentif a fait reconnaître que cette opération était indispensable pour donner aux couleurs une solidité et une fixité dont elles seraient, sans cet apprêt, si peu susceptibles, qu’une exposition au soleil pendant quelques instans suffirait pour les altérer. On foularde ensuite les étoffes teintes et imprimées, c’est-à-dire qu’on les soumet à un traitement dont le but est de leur donner du corps sans les priver de leur souplesse, de leur brillant naturel. On y parvient en imbibant l’étoffe d’un mélange de fécule ou d’amidon avec une certaine quantité d’alun, de savon et même de cire. Les tissus sont ensuite de nouveau calendrés comme au moment de l’impression. Enfin on procède au satinage ou lustrage à l’aide d’une machine dite à lisser, dont la partie essentielle est une pierre d’agate bien polie qu’on promène par un mouvement de va-et-vient sur toute la surface de l’étoffe. Il ne reste plus, avant de livrer l’indienne au commerce, qu’à la subdiviser en pièces dont la longueur excède pas 50 mètres. La tâche de l’industriel est alors terminée ; le rôle du négociant commence.


III.

C’est principalement en France et en Angleterre que l’industrie des toiles peintes a pris un développement remarquable. C’est aussi dans ces deux grands centres manufacturiers qu’il faut étudier cette industrie, envisagée dans ses rapports avec le mouvement commercial du monde.

L’absence de documens rend cette étude très difficile en France. Ainsi, aucun travail n’ayant été fait jusqu’à présent sur la production des fabriques nationales, il est impossible de formuler en chiffres les quantités d’indiennes absorbées par les marchés intérieurs. Si on veut asseoir quelques conjectures sur la valeur réelle de ce commerce des tissus imprimés, dont la prospérité est invariablement liée au bien-être matériel de la civilisation moderne, il faut consulter le tableau de nos exportations annuelles. Le mouvement des douanes, observé pendant une période convenablement longue et suffisamment rapprochée, est alors le seul guide que l’on puisse adopter. Encore ce document officiel ne distingue-t-il pas les tissus de coton teints des tissus imprimés ; néanmoins les fluctuations diverses indiquées par le tableau des douanes pour les deux genres de tissus réunis ne doivent être attribuées vraisemblablement qu’au mouvement