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LES


ARTS INDUSTRIELS.




DE L'IMPRESSION DES TISSUS.[1]




I.

Bailly a dit quelque part que l’histoire des sciences était celle des pensées de l’homme ; ne pourrait-on pas dire, et avec plus de justesse peut-être, que l’histoire de l’industrie est celle de son intelligence appliquée au bien-être matériel de la société ? C’est mal comprendre en effet l’importance des arts industriels que de les étudier d’un point de vue spécial et sans tenir compte des rapports qui les unissent avec le mouvement général de la civilisation. Les annales de ces arts touchent par plus d’un point aux annales des peuples ; des deux côtés se présentent souvent les mêmes phases et s’exercent les mêmes influences. Les alternatives de paix et de guerre, les invasions, les conquêtes, les fractionnemens de territoire, les révolutions politiques, impriment à l’industrie comme à la civilisation une marche tantôt progressive, tantôt rétrograde, et il suffit, pour comprendre quelle place doit tenir dans l’histoire cette branche trop peu connue de l’activité humaine, d’avoir résumé une seule fois dans sa mémoire une période historique de quelque étendue. On s’est trop accoutumé surtout à vouer une admiration exclusive aux arts proprement dits ; les arts industriels, eux aussi, ont leurs hommes de génie : ce sont les inventeurs ou les propagateurs de ces belles découvertes auxquelles des populations entières doivent parfois une source inépuisable de travail et de prospérité commerciale. A une époque comme la nôtre, où règne une tendance si prononcée vers les intérêts matériels, la vie de ces

  1. Traité historique et pratique de l’impression des tissus, par M. Persoz ; 4 volumes in-8o et un atlas, 1846.