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nord-ouest, si chétif avant 1835 et encore aujourd’hui si médiocre, prendre une importance proportionnée à sa grandeur. Par ce qu’on vient de voir, on peut juger que l’abaissement du droit sur les fers étrangers ne serait pas un obstacle à cet accroissement.

Encore un mot pour épuiser cette série. Le groupe du sud-ouest, situé dans les départemens des Landes et des Basses-Pyrénées, serait dans une position semblable à celle du précédent, puisqu’il longe aussi, à peu de distance, le rivage de la mer, s’il n’était si éloigné de l’Angleterre, d’où la houille provient, et s’il avait d’autres points de débarquement que le port de Bayonne ; mais, quoique le droit d’importation ne soit, sur cette partie du littoral, que de 30 cent. au lieu de 50 le quintal métrique, l’accroissement des frais de transport fait plus que compenser la différence. Aussi l’emploi de la houille, essayé en 1835, a-t-il été abandonné dans cette région, où d’ailleurs le bois abonde. Ce qu’il faudrait au groupe du sud-ouest, c’est que les riches houillères qui dorment encore inexploitées sur la côte des Asturies fussent mises sérieusement en valeur. Nul doute que la France ne puisse hâter et favoriser l’exploitation de ces mines, en donnant un accès plus facile à leurs produits.

Qui ne voit maintenant que ces plaintes éternelles sur l’insuffisance ou la cherté du combustible minéral réclamé par nos forges sont tout au moins exagérées ? Ici ce combustible abonde sur place, ou il circule de toutes parts à l’aide de belles voies navigables, et on l’emploie généralement aux mêmes conditions que dans les pays les plus favorisés. Là, l’étranger nous l’offre à des conditions douces et faciles, et s’il est cher, ou s’il nous manque, c’est que nous nous obstinons, par une inexplicable inconséquence, à le repousser par la rigueur de nos tarifs. Ailleurs enfin, nous ne le payons à très haut prix que parce que nous n’avons rien fait jusqu’à présent pour en, favoriser le transport dans le pays. Au reste, cette observation s’applique surtout au groupe de la Champagne, qu’on, nous permettra de réserver pour le dernier. Quand le pays n’aurait pas d’autres ressources que celles dont nous venons de dérouler le tableau, il ne faudrait pas dire que l’industrie du fer soit exposée à périr, ni même à déchoir en France. Nous avons là des sources précieuses, assurées, inattaquables, et que la concurrence étrangère ne tarira jamais. Loin de là, elles ne feraient que s’ouvrir avec plus d’abondance sous un régime plus libéral, ainsi que l’expérience l’a bien prouvé, car enfin la réduction déjà notable qui fut opérée en 1836 n’est-elle pas un retour, au moins partiel, vers un régime de liberté ? Et si ce retour, comme les chiffres mêmes l’attestent, n’a fait que donner à l’ensemble de notre industrie métallurgique une impulsion plus vigoureuse, n’est-il pas naturel de croire qu’un nouveau progrès dans la même voie produirait les mêmes effets ? L’expérience ! l’expérience ! répètent sans cesse les