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30 c. dans les forges de Charleroi et du Hainaut. Il est vrai que ce n’est pas dans le groupe des houillères du nord que le minerai de fer abonde le plus : il s’en faut qu’on l’y trouve en aussi grande quantité que dans la Champagne, par exemple ; il y est même en général d’une qualité plus médiocre. Aussi emploie-t-on dans cette contrée une grande quantité de fontes belges, depuis qu’en 1836 le droit d’importation sur ces fontes a été abaissé de 9 francs les cent kilog. à 4 fr.[1] ; mais enfin, en telle quantité que le minerai s’y trouve, on l’y travaille aux mêmes conditions qu’ailleurs, et même à des conditions souvent plus favorables. Quant aux fontes belges que les producteurs français mettent en œuvre, s’ils les obtenaient entièrement franches de droits, elles ne leur reviendraient qu’à 75 ou 80 cent. les cent kilogrammes de plus qu’à leurs rivaux de la Belgique, car les frais de transport ne s’élèvent pas au-delà, et cette faible différence serait facilement compensée par la différence que nous venons de signaler sur le prix du charbon. On voit donc que les maîtres de forges du nord sont parfaitement en mesure, dès à présent, de soutenir la concurrence, même sans protection aucune, tout au moins avec les Belges. Si quelque chose les empêche de le faire, ce n’est pas, comme on paraît le croire, le désavantage de leur situation ; c’est le monopole, qui, en les dispensant de perfectionner leurs procédés et leurs méthodes, les induit seul, ainsi que nous le verrons bientôt, à travailler plus chèrement.

Remarquons ici en passant que ces forges du nord ont presque toutes surgi depuis 1835 ; elles sont filles de la réforme partielle effectuée à cette époque et dont nous avons eu déjà occasion d’indiquer les principales dispositions[2]. Tout ce groupe, qui était, en 1835, presque le dernier en importance, et qui n’avait produit, dans le cours de cette année, que 21,900 quintaux métriques de fonte et 52,881 quintaux métriques de fer forgé, a produit, en 1844, 218,974 quintaux métriques de fonte et 358,401 de fer forgé, c’est-à-dire que la production en a été à peu près décuplée dans une période de dix ans. Cependant, en même temps qu’on réduisait, en 1834-36, de 15 centimes par quintal métrique le

  1. Avant 1836, et en vertu de la loi de 1822, le droit d’importation était déjà, par exception, et pour les fontes belges, réduit à 4 fr. les 100 kilog., mais seulement sur quelques points de la frontière et pour les gueuses pesant au moins 400 kilog. La loi nouvelle a étendu l’exception à une plus grande partie de la frontière, et l’a appliquée aux masses pesant seulement 15 kilog., ce qui a facilité beaucoup l’importation. En outre, à la même époque, le droit sur les fontes importées par mer a été réduit de 9 fr. à 7.
  2. Voyez la livraison du 15 janvier.