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c’est-à-dire vers la fin du Ve siècle, ce qui ne l’empêche pas de citer bravement à l’appui les autorités citées par M. Lehuërou, des autorités qui datent du VIe siècle au IXe. Il est vrai qu’il a par ce moyen-là dissimulé ce traître mot de Mérovingiens, qui eût peut-être trop averti le lecteur de consulter l’historien des Institutions mérovingiennes[1].

M. de Courson ne s’est pas d’ailleurs imposé beaucoup plus de peine tout le long de ses appendices ; heureusement il n’a pas pris partout les mêmes détours. Les appendices d’un livre d’érudition sont d’ordinaire un vrai butin de choses rares et curieuses : les raretés de M. de Courson ne lui ont pas coûté cher : c’est un extrait de l’Histoire des institutions judiciaires anglo-normandes, par Philipps, chapitre important pour la Bretagne, dit l’auteur, parce qu’il se rattache à la Normandie ; c’est un immense morceau de Salvien dont le de Gubernatione Dei est entre les mains de tout le monde ; c’est la reproduction in extenso de la lettre de M. Dupin à M. Étienne sur la communauté des Jault, lettre fort intéressante, mais au moins aussi connue, puisque la presse l’a vingt fois donnée ; c’est le texte anglais des lois d’Hoel, emprunté tellement quellement dans l’édition de M. Aneurim Owen, découpé, mutilé suivant l’ordre arbitraire qu’il a plu à M. de Courson d’adopter, coté par paragraphes qui font suite, on ne sait pourquoi, aux paragraphes du cartulaire de Redon ; c’est enfin ce cartulaire même, et là quel fonds précieux mal employé ! Comme on voit bien que l’auteur est aux expédiens pour composer son livre, et coud les morceaux l’un après l’autre sans avoir envisagé l’ensemble ! « Les actes qu’on va lire, nous dit-il en tête de ces extraits, se référant aux matières traitées dans mes deux volumes, je n’ai pas voulu les scinder, » et nonobstant, ayant sans doute changé d’avis d’un volume à l’autre, il continue et ressoude à l’appendice du tome II cette publication qui devait être complète dans le tome Ier Mais où et comment « ces actes se réfèrent aux matières, » à quel endroit et sur quel point il les faut étudier, cela n’est dit nulle part d’une façon un peu profitable ; on y est renvoyé par hasard, et l’on ne s’y retrouve guère ; ce ne sont que des matériaux bruts, et j’espère que M. de Courson, qui en sollicite si ardemment l’impression auprès du comité des chartes, s’est réservé de les mettre alors en meilleure lumière. Je demande grace pour de si sèches observations ; mais, après tout, il s’agit ici des titres scientifiques d’un lauréat de l’Académie des Inscriptions, et, quoique celui-ci ait en

  1. Je dois dire que M. de Courson veut beaucoup de bien au livre de M. Lehuërou ; il en fait d’autant plus de cas qu’il imagine l’avoir inspiré, et semble toujours lui reprendre ce qu’il lui aurait prêté ; il oublie seulement de citer quand il prend mot pour mot. Comparez les pages 125-126 du deuxième volume de M. de Courson, et les pages 443-444 du deuxième volume de M. Lehuërou.