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rarement 6,000 tonneaux. En revanche, la pêche du golfe est, après celle des Martigues, la meilleure de la côte, et le port compte 120 bateaux pêcheurs. Les chantiers se recommandent par la perfection de leurs constructions et sont en état de fournir des bâtimens de 800 tonneaux ; ils prospèrent ou languissent, du reste, avec la navigation de Marseille. On admire aujourd’hui au milieu d’eux un établissement auquel on ne saurait reprocher, comme à tant d’autres, l’insuffisance de son capital ou de son outillage : c’est celui de MM. Bénet pour la construction des bâtimens à vapeur à coques de fer ; il est monté pour fabriquer 800 chevaux de vapeur par an. On a pu craindre un moment que l’habile ingénieur qui le dirige n’eût devancé les temps et créé de grandes ressources pour de faibles besoins ; mais l’essor que prend aujourd’hui la marine à vapeur dans la Méditerranée justifie ses prévisions.

Le port de la Ciotat s’ouvre au sud-est. Garni de beaux quais, il a 10 hectares de surface. Les lames qui, par les vents de nord-est, contournent la côte, y pénétraient autrefois à la grande fatigue des navires : on a remédié, en 1838, à cet inconvénient par la construction d’un môle de 100 mètres ; mais les ingénieurs sont quelquefois, comme les poètes, conduits par la peur d’un mal dans un pire, et par les vents du sud le môle recueille actuellement au passage plus de lames qu’il ne lui en venait autrefois d’un autre côté. A presque égales distances de Marseille et de Toulon, le port de la Ciotat est surtout précieux comme abri. Ce bassin, qui est si rarement le but des entreprises du commerce, fait souvent le salut des expéditions qui lui sont étrangères, et, si les navires n’y cherchent jamais qu’une sûreté momentanée, ils se pressent quelquefois par centaines sur ses eaux : son utilité locale est médiocre ; les services qu’il rend à la navigation générale sont grands. Aussi est-ce dans l’intérêt de celle-ci qu’il faut considérer la rade qui précède le port et étudier des améliorations auxquelles les habitans de la Ciotat pourraient rester indifférens, s’ils ne s’occupaient que d’eux-mêmes.

La baie de la Ciotat est ouverte directement au sud et forme entre le bec de l’Aigle et la pointe Fauconnière un segment de 6 kilomètres de corde. Des montagnes élevées l’abritent du nord, de l’est et de l’ouest ; sa partie occidentale est néanmoins la seule où le mouillage soit bon. Les navires y sont en sûreté contre les vents de nord-est, les plus fréquens et les plus violens qui soufflent dans ces parages ; mais du côté du midi le mouillage n’est garanti que par l’île Verte, rocher de 15 hectares d’étendue qui s’élève à 600 mètres du bec de l’Aigle et à 1,200 du port. L’île rompt les coups de mer du large, mais ne les empêche pas de se faire sentir, par l’espace qui la sépare de la terre, jusqu’au-delà de la Ciotat : dans les tempêtes qui viennent du sud, les navires mouillés hors de l’espace étroit directement abrité par elle sont dans la situation