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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 février 1847.


Les débats parlementaires compliquent en ce moment les difficultés diplomatiques. Dans les premiers jours de la discussion de l’adresse à la chambre des députés, on avait pu croire que le silence serait gardé sur les mariages espagnols par les deux chefs du ministère et de l’opposition ; mais si, comme l’a dit M. Thiers, le silence est un acte, il faut convenir que dans notre pays cet acte est de tous le plus difficile à accomplir. Il est vrai que des deux côtés la tentation de parler était forte. L’opposition croyait avoir contre le ministère des accusations triomphantes, et le cabinet était persuadé que, s’il répondait, sa justification serait complète. À cette confiance le ministère joignait l’espoir de fortifier sa cause et ses amis, tant au sein de la chambre qu’au dehors, par la fermeté de son attitude ; aussi, sans demander de trêve à l’opposition, il a réglé sa marche sur la sienne, et le combat s’est engagé.

La discussion a eu un premier résultat qu’il importe d’abord de mettre en lumière, elle a constaté dans la chambre une approbation unanime sur le fond même de la politique suivie pour les mariages espagnols. Cette approbation a eu ses nuances, ses réserves, selon le point de vue où se sont placés les orateurs, selon le parti auquel ils appartenaient : elle s’est retrouvée dans tous les discours qui ont été prononcés sur cette grande affaire. Loin de critiquer le mariage de la reine Isabelle avec l’infant don François, M. Thiers y a donné son expresse adhésion. Seulement il eût voulu que, satisfait de ce résultat, le gouvernement français ne se fût pas hâté de marier l’infante dona Luisa Fernanda avec M. le duc de Montpensier. Ce qu’il blâme, ce n’est pas l’idée même de ce second mariage, c’est le moment choisi pour le conclure et le célébrer. M. Billault avait occupé la tribune avant l’honorable M. Thiers ; nous apprécierons plus loin ses efforts pour prendre une situation nouvelle, en ce moment nous ne voulons que