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LA


FRANCE ET L'EUROPE


APRES LE DEBAT DE L'ADRESSE.




Deux questions grandes par elles-mêmes, plus grandes encore par leurs conséquences éventuelles, étaient soumises cette année aux délibérations des chambres ; deux parlemens paraissaient devoir se répondre, et, si la tribune française avait déjà touché à d’aussi redoutables intérêts, elle n’avait jamais rencontré devant elle des susceptibilités aussi vives et des situations aussi délicates. Je voudrais constater le résultat politique de ce débat ; je voudrais faire comprendre, sans les exagérer et sans les amoindrir, les conséquences de la protestation anglaise, contre les mariages espagnols et de la protestation émanée de la France contre la violation des traités de Vienne. Après avoir apprécié chacun de ces deux faits en eux-mêmes, j’essaierai de caractériser, comme je la comprends, la position qu’ils ont donnée à la France devant l’Europe.

S’il est un axiome dans la politique européenne, c’est la nécessité pour la France d’avoir en Espagne un gouvernement ami, et d’écarter à tout prix de la cour de Madrid une influence étrangère qui serait un embarras en temps de paix, un péril en temps de guerre. Ce principe fut universellement accepté dans le dernier siècle, et l’on comprit que la France ne pouvait trouver quelque sécurité du côté de l’Allemagne qu’en étant pleinement rassurée du côté de la Péninsule. Mais à ce motif aussi permanent que la situation géographique elle-même sont venues