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LA DERNIÈRE GUERRE MARITIME.

midables machines, dont Nelson, toujours impatient, a tant de fois maudit les pesantes allures et la marche embarrassée. Sur 104 vaisseaux armés, l’Angleterre ne comptait pas moins de 18 vaisseaux à trois ponts ; mais, bien qu’il y eût alors 13 de ces vaisseaux devant Brest, l’amirauté n’en voulut admettre que 2 dans l’escadre du Nord le London, à bord duquel flottait le pavillon de l’amiral Parker, et le Saint-George, que montait le vice-amiral Nelson. Le contre-amiral Graves s’embarqua sur un vaisseau de 74, le Defiance, et, dans la prévision des difficultés qu’on pourrait éprouver à franchir avec des navires d’un trop grand tirant d’eau les bancs de la Baltique, on ajouta aux 11 vaisseaux de 74, qui firent partie de cette expédition, 5 vaisseaux de 64 et 2 vaisseaux de 50. Un corps de débarquement, composé du 49e régiment, de deux compagnies de carabiniers et d’un détachement d’artillerie, fut embarqué sur une des divisions de la flotte ; quelques frégates, des bombardes, des brûlots, ainsi que d’autres navires moins importans encore, élevèrent le nombre des bâtimens réunis sous les ordres de l’amiral Parker au chiffre total de 53 voiles.

Quinze jours avant l’appareillage de la flotte, un agent diplomatique, M. Vansittart, était parti pour Copenhague. Les instructions secrètes remises à l’amiral Parker l’informaient du but de cette mission et lui recommandaient, si les négociations entamées avaient une issue favorable, de se porter immédiatement sur la baie de Revel, à l’entrée du golfe de Finlande, d’y surprendre, par une attaque vigoureuse, l’escadre de 12 vaisseaux qu’on savait mouillée dans ce port, et de se diriger ensuite, sans perdre de temps, sur Cronstadt. Le ministère anglais regardait à juste titre la Russie comme l’ame de la coalition, et, à l’égard de cette puissance, il n’admettait aucune alternative, aucun doute sur la nécessité de recourir à des hostilités directes. Quant au Danemark et à la Suède, il espérait mieux de leur faiblesse, et, dans la confiance que la menace d’un bombardement suffirait pour détacher les Danois de la coalition, l’amirauté prescrivait à sir Hyde Parker de « disposer ses bâtimens de telle façon que la Suède, pressée de suivre l’exemple du Danemark, pût trouver dans ce déploiement de forces un motif apparent et une excuse pour souscrire à un arrangement pacifique. » Si, « comme on avait quelque raison de le supposer, » Gustave IV se décidait à renouveler, soit isolément, soit de concert avec le Danemark, ses anciens engagemens vis-à-vis de l’Angleterre, le premier devoir de l’amiral commandant dans la Baltique serait de protéger la Suède contre les attaques et le ressentiment de la Russie. Le ministère Addington, à l’époque où il rédigeait ces instructions, c’est-à-dire le 15 mars 180 1, ne mettait donc point en doute la défection des deux états secondaires ; l’envoi d’une flotte considérable dans la Baltique avait principalement pour but, dès que ce premier résultat serait ob-