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COLLEGE DE FRANCE.




LES HISTORIENS ROMAINS.




L’étude qu’on va lire, et par laquelle M. Nisard a ouvert cette année son cours de littérature latine au Collège de France, devait trouver place à côté des travaux que la Revue a publiés sur les historiens de l’antiquité. C’est moins en effet une première leçon qu’un portrait de Tite-Live déjà complet en soi, et qui, par cela même, se détache naturellement de l’ensemble d’études qu’il annonce et qu’il prépare.




Pour étudier une littérature avec fruit, il semble qu’il faut commencer par les écrivains qui ont traité de l’histoire. C’est par eux seulement que nous connaissons les premiers élémens de cette littérature, à savoir le gouvernement, la constitution, la religion, les mœurs générales ; c’est dans leurs écrits que respire l’ame du peuple dont cette littérature est l’expression. Les historiens nous acclimatent, pour ainsi dire, au pays ; par eux nous savons tout ce qu’il y a de convenances invincibles et fatales entre une nation et le territoire qu’elle habite. Une nation est une personne ; l’histoire est la biographie de cette personne.

Quand nous sommes ainsi accoutumés à ce peuple, que nous l’avons vu dans le succès et dans les revers, dans la guerre et dans la paix, passant par ces épreuves de la double fortune auxquelles on reconnaît le caractère des nations comme celui des individus, c’est le moment d’entreprendre l’étude des autres branches de sa littérature. Nous sommes préparés à goûter ses poètes, à comprendre l’autorité de ses orateurs, à juger ses philosophes et ses critiques. Au lieu de les lire en tâtonnant, accompagnés du commentateur qui nous fourvoie le plus souvent, ou qui nous refroidit quand il nous éclaire, leurs historiens, en nous faisant de leur pays, nous ont mis à même de les lire couramment, comme