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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 décembre 1846.


Les deux tribunes de Paris et de Londres s’ouvriront au même moment, ou du moins à huit jours de distance, et l’extrême simplicité des formes parlementaires chez nos voisins leur permettra non-seulement de nous rejoindre, mais de nous devancer dans la discussion des affaires. Lorsque les débats de l’adresse commenceront à la chambre des députés, les orateurs du parlement anglais se seront déjà fait entendre. Seule, la chambre des pairs, surtout si sa commission active ses travaux, aura l’initiative de la discussion. Le cabinet verra sans doute dans les débats du Luxembourg une occasion favorable d’exposer avec étendue les raisons de sa conduite dans les négociations relatives au double mariage de la reine d’Espagne et de sa sœur. Il lui sera d’autant plus facile de faire devant la chambre des pairs cette exposition calme à laquelle il paraît attacher de l’importance, qu’il ne rencontrera pas au sein de la pairie, sur cette grave question, de contradicteurs systématiques. Si, dans cette circonstance, des hommes politiques n’approuvaient pas tout ce qu’a fait le ministère, ils ne sauraient avoir, surtout au début, d’autre attitude qu’une silencieuse réserve. Quant à des partisans déclarés de la politique suivie pour les affaires d’Espagne, ils ne manqueront pas au gouvernement dans l’enceinte du Luxembourg. On désigne déjà M. le duc de Broglie comme devant apporter au ministère l’appui d’une approbation motivée. Un autre vice-président de la chambre des pairs, M. Barthe, parlerait dans le même intérêt. L’annonce d’un discours de M. le duc de Noailles pique la curiosité.

C’est à la fois pour le cabinet un avantage et une difficulté que d’établir lui-même le terrain de la discussion. En prenant la parole le premier pour poser les questions, on court risque d’indiquer soi-même à ses adversaires des côtés faibles, des points d’attaque, et de leur fournir les élémens d’un plan de campagne. Toutefois, dans les circonstances où nous sommes, la nécessité pour le