Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/1013

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SOUVENIRS


DE L'EUROPE ORIENTALE.




LA GRANDE ILLYRIE
ET LE MOUVEMENT ILLYRIEN.




A des époques diverses, le même nom d’Illyrie a servi à désigner des circonscriptions territoriales très différentes. Les plus anciennes traditions parlent d’une Illyrie qui, appuyée à l’ouest sur la mer Ionienne, occupait à peu près le sol de la Dalmatie, du Monténégro et de la Bosnie modernes. Habitée par des peuplades fort remuantes, elle eut plus d’un démêlé avec la Macédoine et la Grèce, elle imposa même un tribut à Amyntas, père de Philippe ; mais Alexandre en eut raison, et la rendit tributaire à son tour. Rome vint ensuite, sous prétexte de réprimer la piraterie que les Illyriens exerçaient sans scrupule jusque sur les côtes de l’Italie. L’Illyrie finit par devenir une province romaine, et, à l’époque d’Auguste, après la dixième des guerres sanglantes qu’il avait fallu soutenir pour la soumettre entièrement, elle comprenait, selon toute vraisemblance, le pays situé, de l’ouest à l’est, entre l’Adriatique et la frontière occidentale de la Serbie actuelle, et, du nord au sud, entre la Save et l’Epire. Sous l’empereur Constantin, ce même nom était celui d’une préfecture qui embrassait l’espace immense contenu entre les Alpes Juliennes et la mer Noire, et qui fut divisée avec l’empire pour disparaître peu à peu devant les invasions des barbares. En 1810, nous avions aussi une Illyrie française, dont Napoléon avait conçu le plan