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cette nouvelle croisade, et les curés de cette province, marchant eux-mêmes à la tête des jeunes gens de leur paroisse, arrivèrent en foule à Mileto, où il avait établi son quartier-général. Avec ces renforts, il se jeta sur la petite ville de Cotrone qu’il saccagea, soumit Cotanzaro, et, reprenant le chemin de Naples, s’avança hardiment jusque sous les murs de Cosenza.

Malgré l’avis qu’il reçut de ces succès, le roi ne plaçait encore son espoir que dans les secours qu’il attendait de ses alliés. Peu rassuré sur la possession même de la Sicile, il ne voulait point souffrir que Nelson s’éloignât de Palerme. Sur les instances de l’amiral, le général Stuart avait quitté Minorque et était venu occuper Messine avec 2,000 hommes. Trois mois s’écoulèrent ainsi sans que l’escadre anglaise tentât aucune entreprise contre Naples. Au mois de mars, quand la Calabre entière s’était soulevée, Nelson, qui partageait déjà tous les préjugés de la cour, ne croyait pas encore la Sicile en sûreté. « Nous sommes tranquilles pour le moment, écrivait-il au comte Spencer ; mais qui peut dire si nous le serons long-temps ? L’approche des Français pourrait tout changer. Je ne regarderai le royaume de Naples, la Sicile même, comme sauvés que lorsque j’apprendrai l’entrée des troupes impériales en Italie. » Corfou, cependant, ayant capitulé le 3 mars 1799, on songea à demander quelques troupes aux amiraux qui commandaient les forces employées par la Russie et la Porte à la réduction de cette île, et le chevalier de Micheroux fut détaché près d’eux en qualité d’envoyé extraordinaire. Dans les premiers jours d’avril, 4 à 500 Russes et autant d’Albanais débarqués à Manfredonia rallièrent les bandes insurgées de la Pouille et manœuvrèrent pour se réunir au corps d’armée du cardinal. Ce dernier venait d’emporter la place de Cosenza, et la retraite des troupes françaises augmentait son audace. Son année s’était d’ailleurs accrue des secours qu’on commençait à lui faire passer de la Sicile, ainsi que des renforts que lui avaient amenés des environs de Salerne Frà Diavolo et Sciarpa. Il avait une artillerie de campagne assez bien servie et des munitions en abondance : c’était précisément ce qui manquait aux places fortes qui auraient pu retarder ses progrès. Après quelques jours de siège, il enleva d’assaut la ville d’Altamura qu’il livra au pillage, prit Foggia, Ariano, Avellino, et, soutenu par les troupes auxiliaires que conduisait le chevalier, de Micheroux, vint s’établir à Nola sur le revers du mont Vésuse.

Depuis un mois, la nouvelle république marchait rapidement à sa perte. Obligé d’évacuer la Pouille, le comte de Ruvo s’était enfermé dans la citadelle de Pescara ; le duc de Rocca-Romana était passé avec sa cavalerie dans les rangs du cardinal ; les îles de Ponce et de Palmerola, celles de Capri, Ischia et Procida, qui commandent l’entrée du golfe, étaient rentrées dans l’obéissance à la vue de 4 vaisseaux de ligne