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contribué à sauver d’intéressans souvenirs. Il a passé sur cette terre tant de jours et tant d’hommes, que, tout en se restreignant même à d’étroites localités, les érudits trouvent encore un domaine fécond, et souvent une terre vierge. En fouillant dans la sombre nécropole du moyen-âge, chacun a pris, pour ainsi dire, un coin du cimetière à explorer, et d’heureuses exhumations ont été faites. L’histoire municipale, telle que l’a créée M. Augustin Thierry, a été savamment comprise, pour les communes de la Flandre et de l’Artois, par M. Tailliar, conseiller à la cour royale de Douai ; par M. de Laplane, pour la ville de Sisteron ; par M Cherruel, pour la commune de Rouen. M. Leglay père a réuni, dans des Analectes historiques, une foule de documens dispersés et oubliés dans les riches archives de Lille, et son fils, M. Édouard Leglay, a donné une Histoire des Comtes de. Flandre, bien ordonnée, riche de faits et sagement écrite. MM. Hermant et de Givenchy à Saint-Omer, Quenson à Douai, ont étudié sous tous ses aspects ; à l’époque romaine comme dans le moyen-âge, l’antique territoire des Morins, frontière toujours indécise et toujours disputée, depuis César jusqu’à Louis XIV-. M. Achmet d’Héricourt, d’Arras, a rencontré une idée neuve, chose rare en province et non moins rare à Paris, et il a écrit une histoire de France d’après les sources étrangères. Ce que l’abbé Delarue avait fait pour la Normandie dans ses Bardes et Trouvères normands et anglo-normands, M. Arthur Dinaux, président de la société d’agriculture de Valenciennes, l’a tenté avec succès pour les trouvères du Cambrésis, de la Flandre et de l’Artois. M. de Coussemaker, à Hazebrouck, a publié sur la musique ancienne d’intéressantes dissertations. Les travaux numismatiques de MM. Rigollot d’Amiens et Cartier de Blois, les recherches de M. Louis Dubois, ancien bibliothécaire d’Alençon, sur l’histoire politique, administrative et littéraire de la Normandie, celles de M. Bouthors d’Amiens sur l’ancien droit coutumier, les mémoires d’archéologie monumentale de M. Deville, l'Essai sur l’Échiquier de Normandie et lHistoire du Parlement de la même province, de M. Floquet, les Index de Géographie ancienne, édités par M. Leprevost pour le département de l’Eure, et par M. Cauvin, pour le Maine ; les cours archéologiques de M. de Caumont, les mémoires de M. de Gerville à Rouen, de M. Féret à Dieppe, de M. de la Sicotière à Alençon, de M. Ferdinand Leroy à Châteauroux, rappellent souvent les travaux de l’école bénédictine. Indiquons encore, parmi les publications relatives à l’histoire générale des anciennes provinces, les Documens inédits sur l’Albigeois, de M. Clément Compayré ; lHistoire de la Saintonge, de M. Massiou ; la nouvelle édition de lHistoire du Languedoc, de dom Vaissette, continuée et annotée par M. Dumège, de Toulouse ; le Dictionnaire historique de Vaucluse, par M. Barjavel ; lArchéologie et la statistique historique du Bas-Languedoc, de M. Renouvier. MM. de la Fontenelle de Vaudoré et Redet à Poitiers, de Pétigny à Amboise, Rouard à Aix, Cros à Carcassonne, Caristie à Orange, de la Villemarqué en Bretagne, ont mérité également, par des travaux variés et consciencieux, l’estime de tous les amis de notre histoire nationale.

Les progrès de l’érudition sont de jour en jour plus sensibles dans la province, et le développement que prend chaque année le concours des antiquités nationales est une des preuves concluantes de ce progrès. On peut même dire, sans se montrer sévère, que, parmi les ouvrages des concurrens, et même des concurrens non couronnés, il en est plus d’un qui, aux yeux des hommes impartiaux