Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 16.djvu/685

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme je l’ai entendu dire à un savant fort orthodoxe, qu’il n’y a pas de chronologie dans l’écriture.

Pour défendre l’accès des chambres sépulcrales ; on avait comblé de blocs énormes les couloirs, qui conduisaient dans l’intérieur des pyramides. Un de ces blocs a été trouvé dans sa rainure comme une herse depuis si mille ans menaçante et prête à tomber. Ces sépulcres, où les anciens rois s’étaient remparés contre toute atteinte ; ne furent pas long-temps inviolables. On voit que les pyramides ont été de bonne heure entaillées. Peut-être, les auteurs des deux premiers, si odieux à leurs peuples, suivant les récits des anciens, ont été arrachés de leur tombe, et selon la sublime expression de Bossuet, n’ont pas joui de leur sépulcre. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’on ne les a pas trouvés[1].

Les trois pyramides ont été ouvertes par les Arabes. L’espoir de trouver des trésors dans les tombeaux a fait tenter de bonne heure d’y pénétrer. Pour y parvenir, on a percé la masse de la pyramide, et l’on est venu tomber dans le corridor antique dont l’ouverture, était masquée par des décombres ; puis l’entrée artificielle a été elle-même cachée avec soin, et il a fallu, que les Belzoni et les Vyse en fissent de nouveau la découvert ».

Si l’histoire véritable des pyramides est courte, leur histoir légendaire est longue. L’on conçoit facilement que ces masses énormes et closes dont on ne savait point l’origine et dans l’intérieur desquelles on pouvait supposer tant de merveilles, aient parlé en tout temps à l’imagination des hommes, depuis les voyageurs grecs jusqu’à l’Italien Caviglia, lequel, à force de fouiller les pyramides et de vivre à leur ombre, avait fini par mettre une véritable superstition dans ses travaux, qui, du reste, ont produit des découvertes très positives ; depuis les Druses, qui, dans leur catéchisme, font construire les pyramides par leur messie, jusqu’aux alchimistes, qui affirment qu’elles recèlent les tables d’Hermès. Les Hébreux et les chrétiens inventèrent aussi des fables sur les pyramides ; ils rapportèrent la construction de ces monumens à l’oppression des Hébreux en Égypte. C’étaient les Hébreux qui avaient élevé les pyramides. La plus grande contenait, ce qui était difficile à comprendre, le tombeau du Pharaon noyé dais la mer Rouge en les poursuivant ; ou bien, donnant aux pyramides une antiquité plus digne d’elles, on en faisait les tombes de Seth et d’Enoch ; mais ce fut à Joseph que les Juifs et les chrétiens rattachèrent surtout les merveilles des pyramides. Suivant eux, Joseph avait fondé Memphis, où cependant il fut ministre, il avait élevé les obélisques, les pyramides. Celles-ci s’appelèrent les greniers de Joseph. Leur forme, en effet, ressemble à celle des anciens

  1. Le tombeau découvert par Belzoni dans la seconde pyramide contenait bien quelques ossemens, mais il paraît que c’étaient des ossemens de bœuf.