de cette arrière-garde, et veillait sur les destins de la journée. Il n’avait derrière lui que l’Excellent, de 74, commandé par Collingwood, et un petit vaisseau de 64, le Diadem. La manœuvre de Cordova était à peine indiquée, que Nelson, en devinant l’objet, comprit qu’il n’aurait point le temps de prévenir l’amiral Jervis et de prendre ses ordres. Il n’y avait point en effet un instant à perdre si l’on voulait s’opposer à ce mouvement de la flotte espagnole. Sans hésiter, Nelson quitte son poste, vire de bord vent arrière, et, passant entre l’Excellent et le Diadem, qui continuent leur route, vient se placer sur le passage de la Santisima-Trinidad, cet énorme trois-ponts qu’il devait encore retrouver à Trafalgar. Il lui barre le chemin, l’oblige à revenir au vent, et le rejette sur l’avant-garde anglaise.
Une partie de cette avant-garde se porte alors sous le vent de la ligne espagnole pour prévenir une nouvelle tentative semblable à celle qu’a réprimée Nelson. Les autres vaisseaux anglais, conduits par le Victory, prolongent cette ligne au vent, enveloppent l’arrière-garde de Cordova et la prennent entre deux feux. Le succès de la manœuvre audacieuse de Nelson est complet ; mais lui-même, séparé de ses compagnons, s’est trouvé pendant quelque temps exposé au feu de plusieurs vaisseaux espagnols. Le Culloden et les vaisseaux qui suivent le capitaine Troubridge ne le couvrent un instant que pour le dépasser bientôt, le laissant aux prises avec de plus nombreux adversaires. Il lui faut monter de nouveaux projectiles de la cale ; ceux qui garnissent les parcs à boulets de ses batteries ont été épuisés par la rapidité de son tir. C’est en ce moment où son feu s’est nécessairement ralenti que Nelson se trouve sous la volée d’un vaisseau de 80, le San-Nicolas. La confusion qui règne dans la ligne espagnole a réuni sur le même point trois ou quatre vaisseaux qui, n’ayant pas d’autre ennemi à combattre, dirigent vers le Captain ceux de leurs canons qui peuvent l’atteindre. Le San- Josef surtout, vaisseau de 112 canons, placé en arrière du San-Nicolas, lui prête l’appui de son artillerie formidable. La position de Nelson n’est point sans danger : son gréement a considérablement souffert de cette canonnade ; une partie de sa mâture est compromise, et il compte déjà près de 70 hommes hors de combat. Pendant que l’avant-garde, conduite par le Culloden, continue à engager les Espagnols sous le vent, l’arrière-garde, que dirige sir John lui-même, les combat au vent et est séparée de Nelson par un triple rang de navires. La tête de la ligne espagnole fait déjà force de voiles et semble abandonner aux Anglais les vaisseaux qu’ils ont enveloppés, parmi lesquels se distinguent par leur masse et leur feu plus nourri quatre vaisseaux à trois ponts. C’est cette arrière-garde sacrifiée que sir John se décide à accabler. Tant qu’il a cru à une action plus générale, il n’a point voulu affaiblir la colonne