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REVUE. — CHRONIQUE.

a fait connaître par quelles mesures il se proposait de venir au secours des inondés. Plusieurs crédits, s’élevant à la somme de 5,400,000 fr., et répartis entre les ministères de l’intérieur, des travaux publics et du commerce, sont destinés à pourvoir aux besoins les plus urgens. On a généralement trouvé que ces secours étaient médiocres, et peu en proportion avec la gravité des désastres. Le gouvernement, en l’absence des chambres, a peut-être craint de porter trop haut ces nouveaux crédits extraordinaires. Nous ne doutons pas de la sollicitude du pouvoir, mais nous voudrions la trouver plus entreprenante, plus active ; nous voudrions voir au gouvernement une prévoyance plus vigilante. Des catastrophes répétées ne nous ont que trop appris, depuis plusieurs années, que les inondations n’étaient plus pour notre sol de ces rares accidens, qui viennent, à de longs intervalles, troubler la sécurité commune. Nous savons maintenant que nous avons en face de nous un ennemi dont les invasions sont fréquentes. Pour le combattre, ce n’est pas trop des efforts combinés de la science et de l’administration. On a déjà perdu beaucoup de temps. Il faudrait que les dépositaires de l’autorité publique eussent des convictions arrêtées sur les meilleurs moyens de conjurer un fléau mille fois plus destructeur que le feu, et qui a dans sa marche quelque chose de la puissance irrésistible de la nature. Les questions d’endiguement, de dérivation des eaux pluviales, de reboisement, veulent être résolues à fond et vite. Le fléau n’attend pas, il s’étend, il monte, et, par ses apparitions réitérées, il ne punit que trop la lenteur que l’on met à combattre, battre, à prévenir ses ravages par toutes les ressources de l’art et de la civilisation.



REVUE LITTERAIRE.


LITTÉRATURE POLITIQUE ALLEMANDE.

I. — Deutschland, Polen und Russland, von Fr. Schuselka.[1]
II. — Die Fragen der Gegenwart und das Freye Wort, von Hermann Kurtz.[2]


Les deux ouvrages que j’ai voulu ici rapprocher l’un de l’autre se touchent en plus d’un point, malgré la différence du sujet. M. Schuselka appartient à cette science germanique qui voit toujours dans l’antiquité d’un fait la consécration d’un droit ; M. Kurtz relève directement de l’école constitutionnelle ; mais celui-ci cependant garde encore plus d’une trace des opinions du premier, tandis que M. Schuselka lui-même n’a pas fermé tout-à-fait son esprit aux idées qui ont pénétré celui de M. Kurtz. Ce mélange involontaire de doctrines opposées est assez curieux et peint assez bien la situation actuelle de la pensée allemande

  1. Allemagne, Pologne et Russie, par F. Schuselka, 1 vol. in-18, chez Hoffmann et Campe ; Hambourg, 1846.
  2. Les Questions du présent et la libre parole, par M. Kurtz ; Ulm), 1845.