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ils contraints de cacher leur honte dans une profonde retraite, jusqu’à ce que le mal fût en partie réparé. J’ai vu de jeunes Chinois entrer dans d’incroyables transports de fureur quand on leur disait, en plaisantant, qu’on leur couperait la queue. La barbe, en revanche, n’est point regardée comme une parure. On ne la laisse croître que dans une vieillesse avancée, et on ne porte pas de moustaches avant l’âge de quarante ans. Un jeune homme se ferait montrer au doigt, s’il portait des favoris comme en Europe.

La mise des Chinois est généralement simple, propre et décente. Pour les hommes des classes riches, les fonctionnaires du gouvernement, elle se compose de deux robes de couleur foncée : l’une, descendant jusqu’au milieu du mollet, boutonnée et fendue sur les côtés, se nomme à Canton choung-cham ; l’autre, appelée po, descend beaucoup plus bas, elle est fendue par-devant, parce qu’autrefois il était d’usage de la retrousser, et peut se serrer à la ceinture, tandis que le choung-cham est toujours bouffant. Dans les grandes cérémonies, les mandarins portent, au lieu de ces simples vêtemens de soie foncée, des robes aux couleurs éclatantes, ornées de riches broderies. Parmi les pièces du costume des riches chinois, on compte encore le ma-koua et le taï-koua. Le ma-koua est une espèce de pèlerine tombant jusqu’à la ceinture et boutonnée sur le milieu de la poitrine ; cette pèlerine est ordinairement brune ou noire, mais toujours d’une couleur plus foncée que celle de la robe. Le taï-koua est le surtout que les mandarins revêtent par-dessus leurs robes et qui descend jusqu’aux genoux. La toilette d’hiver est infiniment plus élégante que celle d’été. Les hommes riches ne sortent, par les temps froids, qu’avec de magnifiques pèlerines ou des robes de fourrures ; on endosse souvent, dans cette saison, quatre ou cinq habits les uns par-dessus les autres. Des souliers en étoffe noire, quelquefois brodés, toujours à semelles blanches très épaisses et relevées sur le devant, composent, avec des bas blancs plissés, la chaussure habituelle des Chinois ; les mandarins se servent aussi quelquefois de lourdes bottes. Les personnages de haute condition ne portent jamais de pantalon.

Les Chinois des classes moyennes sont vêtus habituellement d’une robe bleue et quelquefois aussi d’une casaque ou houng-cham à larges manches, descendant jusqu’aux cuisses, avec des boutons ronds en alliage de cuivre, et deux entailles triangulaires le long des hanches. L’habit est serré autour du cou, qui est presque toujours entouré d’un ruban de satin bleu-clair de deux pouces de large tenant lieu de cravate. Le complément de ce costume est une culotte courte et collante, ordinairement verte ou brune, descendant jusqu’au genou. Le reste de la jambe est recouvert d’un bas de coton ample et épais. Les personnes vêtues de robes ont, au lieu de pantalon, des espèces de caleçons. Les marchands de Canton ne sortent jamais en été sans avoir leur éventail et leur parasol en main.

Les domestiques et les artisans sont vêtus de casaques de coton bleues, blanches ou grises, nommées cham ; ces casaques à manches très amples ne descendent que jusqu’aux hanches, et ont deux entailles triangulaires sur les côtés. Le pantalon est large, bouffant et de la même étoffe que l’habit. Un sachet brodé servant de bourse est fixé sur le bas-ventre. La casaque est quelquefois remplacée par la robe aux jours de fête. Les boys ou jeunes domestiques des Européens ont adopté ce costume, seulement ils portent fréquemment la culotte courte au lieu du pantalon bouffant. Enfin les coulis ou hommes de peine ont tantôt