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d’Allemagne, de Danemark, de Suède, ont examiné sérieusement les questions nouvellement soulevées, et la plupart d’entre eux ont déjà fait acte d’adhésion. Aujourd’hui, l’importance de ces idées ne saurait être niée, et déjà nous les voyons pénétrer dans la Faculté de Médecine de Paris, qu’on ne pourra pourtant pas accuser d’un amour inconsidéré pour les innovations scientifiques. Dans plusieurs leçons publiques, M. Andral a développé à ses auditeurs ces nouvelles théories, a exposé les faits qui leur servent de base, a montré quelles conséquences importantes en découlaient pour l’exacte appréciation de plusieurs phénomènes physiologiques et pathologiques observés tous les jours chez l’homme sain ou en état de maladie. On voit que les recherches approfondies sur les êtres inférieurs ne sont pas, comme bien des gens le croient encore, purement spéculatives.

Nous ne saurions trop le répéter : pour tous les êtres vivans, il n’y a qu’une seule et même source d’animation. Végétal ou animal, chêne ou éléphant, mousse ou infusoire, tous vivent de la même vie. Si l’homme intellectuel relève d’un principe plus haut, l’homme animal n’a pas d’autres raisons d’existence que le dernier mollusque. Pour apprendre à bien connaître les mille ressorts qui entrent dans l’organisation compliquée de ce roi de la terre, pour apprécier leur jeu, pour deviner leur but, le plus sûr moyen est souvent d’interroger ces êtres plus simples, ces animaux inférieurs si profondément dédaignés par ceux qui ne les connaissent pas.


A. DE QUATREFAGES.