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à l’état que réclament les diverses industries, qu’ils se présentent combinés à certains agens minéralisateurs, et en outre enveloppés d’une matière stérile à laquelle on a donné le nain de gangue. On conçoit dès-lors la nécessité de deux grandes sections à introduire dans la science des mines : l’exploitation proprement dite, et la métallurgie, c’est-à-dire l’extraction du minerai et son élaboration complémentaire. Il ne faudrait pas croire que l’art du mineur fût restreint au travail des substances métalliques ; c’est encore à lui qu’on s’adresse pour arracher à la terre la houille et la tourbe, ces indispensables auxiliaires de tout traitement métallurgique, le sel gemme, les pierres à bâtir, les meulières, les ardoises ; et la fabrication des diverses combinaisons chimiques usitées dans les arts, telles que les verreries, les poteries, les mortiers, forme autant de chapitres distincts de la seconde section que nous avons signalée.

Depuis le commencement de ce siècle, époque à laquelle viennent s’arrêter l’ouvrage de Délius et la Richesse minérale de M. Héron de Villefosse, de nombreux perfectionnemens ont été successivement apportés aux machines employées dans les mines, et des modifications importantes se sont opérées jusque dans les moindres pratiques de leur exploitation. Les ingénieurs, les directeurs d’établissemens industriels, les contre-maîtres, si intéressés à connaître les meilleurs procédés en usage, étaient obligés de les chercher dans les mémoires et les journaux spéciaux où ils étaient enfouis : il appartenait à M. Combe, chargé de professer à l’École royale des Mines cette branche de la science appliquée, de donner à l’industrie, sur cette importante matière, un traité méthodique dont elle réclamait depuis long-temps la publication.

Dans le cours de son ouvrage, l’auteur recherche avec une instante sollicitude les moyens de prévenir les funestes accidens de tous genres auxquels les mineurs ne sont que trop souvent exposés. Ceux-ci lui sont particulièrement redevables de la construction d’une lampe qui, réunissant tous les avantages des modifications apportées à l’appareil, primitif de Davy, joint à une sûreté complète dans une atmosphère explosive un transport facile et un éclairage suffisant. Lorsque M Combes s’occupe de la géométrie souterraine, il appuie avec juste raison sur la nécessite de posséder dans chaque exploitation un plan parfaitement exact des diverses parties de la mine, et une détermination rigoureuse de leur position relative à la surface du sol. À défaut de cette précaution, la délivrance des ouvriers ensevelis sous un éboulement ou cernés par les eaux, ne peut plus être que le résultat du tâtonnement, et la vie de ces hommes utiles demeure a chaque instant livrée à tous les hasards de leur périlleuse profession. Dans les galeries de mines, l’air est incessamment vicié, par l’absorption de son oxygène, due à la respiration des ouvriers, à la combustion des lumières et à la décomposition chimique des substances qui se trouvent dans les excavations souterraine ou y ont été apportées, du dehors. D’autre part, cette altération est augmentée par les gaz qui proviennent de la déflagration de la poudre employée pour attaquer la roche et des dégagemens qui ont ordinairement lieu à travers les fissures de celle-ci. On a de plus à redouter dans les houillères ce gaz auquel les mineurs ont donné le nom grisou, qui, en contact avec l’air atmosphérique, produit un mélange explosif, et détermine en s’enflammant des incendies spontanés. L’emploi d’agens chimiques étant insuffisant pour détruire ces gaz nuisibles, il faut de toute nécessité d’avoir recours à des moyens physiques, par exemple, à l’action de machines soufflantes ou aspirantes qui, en lançant de l’air pur préalablement comprimé ou aspirant l’air vicié, déterminent