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PHILOLOGIE FRANÇAISE.




I. — Des Variations du Langage français,

par M. F. Génin ; — 1 vol. in-8o.
II. — Remarques sur la Langue française au dix-neuvième siècle,

par M. F. Wey ; — 2 volumes in-8o.[1]




Si nous ne savons pas aujourd’hui notre langue, ce n’est pas faute de leçons, car nous avons des maîtres de toute sorte : jamais on n’a tant étudié la langue française. De grands écrivains n’ont pas dédaigné de se faire commentateurs, de restituer des passages, de discuter des textes, enfin de nous apprendre en détail cette langue du XVIIe siècle, qu’ils nous enseignent mieux encore par leurs écrits, car les excellens modèles sont la meilleure de toutes les leçons. D’autres moins habiles, mais fidèles aux mêmes principes, exaltent Bossuet et Pascal dans un langage un peu mélangé, et recommandent le style du grand siècle dans un style qu’aucun siècle encore n’a connu ; mais tous, grands ou petits, semblent se réunir en ce point, que notre langue et partant notre littérature sont tombées dans une décadence dont elles se relèveront difficilement. Il y a toujours eu des gens qui ont employé leur vie à regretter le temps passé, et qui sont morts sans avoir pu se consoler d’un malheur, irréparable il est vrai, celui d’avoir vécu de leur temps ; gens chagrins et moroses, qui se seraient également lamentés s’ils étaient nés cent ou deux cents ans plus tôt, au milieu même de cet âge d’or, objet de leurs regrets. Voltaire a écrit quelque part : « Nous sommes comme les avares, qui disent toujours que le temps est dur. » Cette manie est de tous les siècles, mais jamais peut-être elle n’a été

  1. Librairie de Firmin Didot, rue Jacob.