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la crête des Andes, on rencontre successivement des filons de cuivre arsénié et argentifère, et plus à l’est encore des filons de plomb. On est alors à une centaine de kilomètres de la crête des Andes ; mais, dans ce dernier intervalle, les vestiges des mines disparaissent.

Malheureusement il n’est pas aisé de suivre la ligne de contact des terrains stratifiés et des terrains granitiques : non qu’elle soit difficile à découvrir, elle se signale par de grands escarpemens d’un aspect particulier qu’on reconnaît de loin ; mais tout le pays, à cette hauteur, est un horrible désert, dépourvu d’eau, et par conséquent de pâturages, de culture, d’habitations, des moindres ressources. Sur un intervalle de soixante lieues entre la vallée de Copiapo et celle de Huasco, on ne trouve que deux petites sources tellement pauvres, que le premier qui y arrive, avec une douzaine de bêtes seulement, n’y laisse plus une goutte d’eau pour qui viendra après. Il est donc périlleux de s’y aventurer pour faire des recherches et des explorations, et les arrieros ne consentent à les traverser qu’en allant tout droit devant soi sans perdre une minute.

Les mines d’argent du Chili se font remarquer aussi par la nature du minerai qui y domine. C’est le plus souvent une combinaison d’argent avec le chlore considérée jusque-là comme une exception, ou même avec le brome, ce qui était bien plus rare encore. Il y a assez régulièrement de l’argent natif inextricablement mêlé au chlorure ou au bromure. Ces mines coûtent fort cher à exploiter ; les subsistances à Chañarcillo sont à des prix excessifs, les transports de même. Les arts mécaniques, au Chili, comme partout dans l’Amérique espagnole, restent dans l’enfance, et probablement on laisse dans les résidus une partie très appréciable du métal. Le fait est que l’opinion courante dans le pays est qu’au-dessous d’une teneur de 50 marcs de métal par caisson chilien de 64 quintaux, ou de quatre pour 1,000, les minerais ne méritent pas d’être travaillés, ce qui causerait une extrême surprise aux mineurs de Zacatecas ou de Potosi, qui se contentent du quart ou du cinquième. Avec une route carrossable de la baie de Copiapo à Charñacillo, dont le tracé est indiqué par des cours d’eau et qui n’aurait pas 150 kilom., et une autre route qui remonterait la vallée de Copiapo pour aller chercher des vivres dans la portion moyenne de la vallée, qui est d’une fertilité surprenante, particulièrement du côté de Potrero-Grande, on devrait beaucoup étendre le champ des minerais exploitables.

Les mines du Chili rendaient peu sous la domination espagnole, du moins celles d’argent. M. de Humboldt en portait la production, au commencement du siècle, à 6,827 kilogrammes d’argent et 2,807 kilogr. d’or. Actuellement l’extraction de l’or, en ne comptant à la vérité que ce qui est constaté officiellement, serait diminuée des deux tiers ;