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Perse provenaient plutôt de ce que ces princes, comptant pour peu le travail humain, faisaient laver des sables par des troupes nombreuses d’esclaves.

Dans les montagnes au bas desquelles les alluvions produisent de l’or, on n’est pas toujours parvenu à apercevoir le précieux métal, tant il est disséminé. Sur plusieurs points cependant du nouveau continent, au Mexique, près d’Oaxaca, dans un grand nombre de localités de la Nouvelle-Grenade, au Chili et aux États-Unis, sur une longue ligne située au pied de la chaîne des Alleghanys, il existe des mines d’or où l’on attaque, non plus seulement des sables d’alluvion, mais la masse solide du roc, et où l’on exploite par puits et galeries. Il en est de même sur un petit nombre de points de l’ancien continent.

L’exploitation des sables aurifères, qui représentent les 19/20 des gisemens d’or qu’on utilise, n’est, sur quelque étendue qu’elle procède, qu’une petite industrie, morcelée lors même que cent ateliers reconnaîtraient le même maître, usant de moyens élémentaires relativement aux appareils que font jouer en général l’art des mines et la métallurgie. Elle n’offre pas à l’observateur l’intérêt d’une grande difficulté vaincue, d’une grande puissance qui se déploie et surmonte les obstacles. C’est même une industrie plus incertaine que celle des mines d’argent. Chaque dépôt considéré isolément est très resserré, et par conséquent le rendement des mines d’or ne peut avoir la régularité d’un filon qui se prolonge habituellement sur une longueur presque indéfinie. Il y a toujours lieu de craindre que les alluvions aurifères qui s’annoncent le mieux ne s’appauvrissent très prochainement. L’attrait non raisonné qu’exerce ce métal sur les esprits avides de posséder et impatiens de s’enrichir est pour quelque chose dans la persévérance avec laquelle on en suit l’exploitation. Et pourtant les mêmes terrains, quelquefois les mêmes bancs, sont des gîtes de platine, sont des gîtes de diamans. Réunies, toutes ces richesses sembleraient devoir être une source inépuisable de fortune ; elles ne forment cependant, pour l’industrie de l’homme, qu’un médiocre domaine.

La majeure partie de l’or que fournit le Mexique est retiré de l’argent avec lequel il est confondu. L’opération par laquelle on sépare l’or de l’argent, et qui se nomme le départ (apartado), a de tout temps été pratiquée au Mexique ; parmi la noblesse mexicaine, qui tirait sa richesse des mines et en faisait volontiers dériver ses titres de Castille, il y avait un marquis de l’Apartado : c’est le titre des Fagoaga. On se procure d’abord une partie de l’argent aurifère, celle qui contient le plus d’or, en mêlant, lorsqu’il y a lieu, du mercure au minerai qu’on broie dans les arrastras. Le mercure s’empare de l’or natif qui se rencontre quelquefois disséminé dans la masse, ou de l’or qui peut être combiné avec