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en poids à l’argent qui se trouvait à l’état de chlorure[1]. Enfin une petite partie de mercure s’en va mécaniquement dans le lavage à l’état d’amalgame ou à l’état libre. On estime que la proportion de mercure qui disparaît est de trois à quatre millièmes du poids du minerai soumis à l’amalgamation. C’est environ une fois et demie le poids de l’argent qu’on en extrait. De toutes les dépenses de l’opération, celle-ci est la plus apparente et la plus sensible aux mineurs mexicains.

Cette méthode de l’amalgamation réussit très bien, disons-nous, avec les minerais qui recèlent l’argent à l’état de sulfure, mieux encore avec ceux où il existe à l’état natif, puisqu’alors le mercure s’empare directement de l’argent, sans avoir à disparaître lui-même dans les boues à l’état de chlorure très divisé ou en dissolution, qu’il n’y aurait aucun moyen de retrouver. Les minerais qui recèlent l’argent à l’état de sulfure complexe en combinaison avec l’antimoine ou avec l’arsenic rendent plus difficilement par ce procédé la totalité de l’argent qu’ils contiennent: ceux où l’argent est disséminé dans des sulfures de plomb ou de zinc sont assez rebelles : le bromure d’argent, qui existe à Catorce, résiste absolument.

On applique la méthode de l’amalgamation à la plus grande partie des minerais du Mexique et de l’Amérique entière. On estime que 82 centièmes de l’argent mexicain sont ainsi obtenus. Le reste, formant environ le 5e du total, s’extrait des minerais plus riches qu’on sépare de la masse pendant le cassage à la main. Il s’obtient soit par la fusion ordinaire dans un fourneau avec des litharges ou avec de la soude[2], soit par l’amalgamation à chaud[3]. On retire aussi un peu d’argent directement du minerai en plaçant dans les arrastras du mercure qui s’empare alors de l’argent natif à mesure qu’il est mis à nu par la trituration.

Sans l’invention de Médina, les mines du Mexique et celles du Nouveau-Monde tout entier fussent demeurées à peu près stériles. Cet

  1. Il est possible aussi, et un habile chimiste, M. Boussingault, l’a indiqué, qu’il se produise du sulfure de mercure.
  2. Au commencement du siècle, le procédé de la fusion jouait un plus grand rôle. M. de Humboldt calculait alors qu’il était appliqué à 22 pour 100 du poids total du minerai. En 1777, on estimait que les 2 cinquièmes, ou 40 pour 100, passaient par la fonte. Sans aucun doute, la diminution des forêts a contribué à étendre le procédé de l’amalgamation.
  3. L’amalgamation à chaud, ou travail au cazo, est employée presque uniquement pour des minerais de l’espèce des colorados. Elle est plus usitée dans l’Amérique du Sud qu’au Mexique, sans doute à cause de la nature particulière des minerais. Au Mexique, elle produit environ un dixième de l’argent fourni par le pays. Elle consiste à travailler le minerai dans une chaudière avec du mercure. Elle exige un degré de richesse supérieur à celui du minerai qui passe au patio. C’est la seule manière qu’on connaisse de traiter un minerai tel que celui de Catorce, où l’argent est à l’état de bromure en grande partie. Le patio n’y fait rien, et par le procédé de la fusion une grande partie se volatiliserait.