chercher à dérober à son ciel ses reflets merveilleux. M. Foussier le tente quelquefois, mais sans suite. Ce titre d’Italiam, en effet, donne l’idée d’un livre bien différent, d’une sorte d’épopée italienne qui serait possible encore, même après le Pianto. C’est une tâche élevée, que l’auteur ne paraît pas avoir entrevue. Ce titre trompe, et ne cache qu’un recueil de quelques poèmes, tels que Diva Stella, Lycoris, le Géant, la Pologne, et de quelques poésies fugitives inscrites sous le nom de Fantaisies. Diva Stella est la tragique histoire, mêlée de digressions infinies sur toutes choses, racontée en rhythmes de tout genre des tristes amours d’une jeune Napolitaine et d’un jeune pâtre, — amours condamnées qui vont un soir s’ensevelir dans la mer soulevée par la tempête, aux feux d’une éruption volcanique. Lycoris est un fragment antique plus peut-être d’intention que par le fait même. L’inspiration est plus intime ou plus moderne dans les autres sujets choisis par l’auteur. En réalité, Italiam brille plus par quelques détails que par l’ensemble. Il est des parties où éclate un vrai sentiment poétique, où le style est plein d’animation et de couleur. Les meilleurs vers de M. Foussier sont peut-être ceux-ci sur le souvenir :
Et l’homme, pour un jour dépouillant les années,
Croit voir des premiers ans les fleurs si tôt fanées
Renaître autour de lui, fraîches comme au matin
Où le vent de l’espoir caressait leur essaim.
Ce n’est point une erreur… il les voit ! « Ce sont elles !
Des vieux champs du passé, roses toujours nouvelles ! »
Il s’approche ; sa main veut les cueillir encor…
Sa main ne trouve, hélas ! que roses et poussière,
Dont le prisme des ans colorait la chimère.
Elles tombent, car nul ne peut cueillir deux fois
Les fleurs que sa jeunesse arrachait à ses bois…
Elles tombent, et de ces fleurs flétries se dégage un parfum qui a nom le Souvenir. Mais à côté de ces vers, qui ne sont pas sans valeur, quelle multitude d’incorrections, sans compter même les infidélités de la rime ! Combien la pensée est obscure, creuse, impuissante à se produire, décousue ! M. Foussier maltraite fort, dans sa préface, l’esprit de l’ordre ; c’est, à son avis, l’esprit de ceux qui n’en ont pas d’autre. Je crois bien plutôt que ce doit être l’esprit de ceux qui en ont un autre. C’est le complément indispensable du talent national. L’ordre dans l’invention poétique, c’est la logique ; dans le langage, c’est la clarté. Il ne paraît pas que cela porte bonheur d’en médire. Voltaire prétendait que cela portait malheur de mal parler de Boileau ; mais Voltaire avait cet esprit de ceux qui n’en ont pas d’autre.
Une chose doit surtout frapper dans Italiam comme indice de l’état de certains esprits inexpérimentés aujourd’hui, c’est le penchant à confondre et à réunir dans un tableau discordant tous les genres d’inspiration. Ils reproduisent sans maturité et sans réflexion, dans leurs essais, les tendances les plus diverses. C’est ainsi que M. Foussier, dans une Étude qui vise à la couleur antique, mêle des digressions sur la mission sacerdotale du poète dans ce siècle et sur les tortures qu’il supporte dans la poursuite de l’idéal, ce qui est, je pense,