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l’Italie, sans en excepter les états du pape, aspirent également à devenir manufacturiers, et par des moyens semblables, quoiqu’il soit juste de dire que plusieurs gouvernemens y manifestent depuis peu des tendances plus libérales. Quant à l’Espagne, elle est entrée depuis long-temps, on le sait, dans la voie des mesures prohibitives, et elle y a persisté au milieu de toutes les vicissitudes politiques qu’elle a subies. Les provinces basques sont les seules qui aient pratiqué jusqu’à ces derniers temps le principe du libre échange ; aussi sont-elles de beaucoup les plus florissantes, les plus heureuses, quoique le fléau de la guerre civile se soit plus particulièrement appesanti sur elles. L’aspect de ces provinces tranche vivement sur le sombre tableau qu’offre dans toute son étendue la péninsule ibérique : c’est une oasis dans le désert. Ainsi, grace à l’excitation violente des tarifs protecteurs, à laquelle on ajoute quelquefois des encouragemens d’une autre sorte, les manufactures se propagent de toutes parts, même dans les pays les moins préparés à les recevoir, et chez les peuples les moins aptes à les faire prospérer.

Quant aux peuples plus avancés et auxquels une part du travail manufacturier revient de droit, comme l’Allemagne, par exemple, ils ne se contentent pas de cette juste part que la nature des choses leur donne ; ils veulent à tout prix, par une excitation artificielle, l’étendre au-delà de ses limites. C’est l’œuvre que poursuit, depuis son organisation, le Zollverein allemand, sans considérer que par là il fausse le mouvement industriel du pays encore plus qu’il ne l’étend. Ainsi fait le peuple américain, bien qu’aux États-Unis la direction change parfois selon que l’un ou l’autre des partis opposés domine.

Long-temps la république des États-Unis a pratiqué, comme la Suisse et la Saxe, la doctrine du libre échange, et nul autre pays n’en a tiré des avantages plus éclatans. Là toutes les circonstances étaient d’ailleurs favorables : une belle ligne de côtes maritimes ; une navigation intérieure sans égale ; un territoire fertile et sans bornes ; un crédit étendu, puissant, bien que mal assis et peu solide ; un ordre intérieur admirables, malgré les imperfections et les irrégularités qu’on y rencontre et dont les regards des Européens sont offusqués ; enfin des institutions simples, larges, fécondes, qui laissent au dedans comme au dehors une liberté industrielle sans limites. Aussi quel admirable développement de puissance commerciale, agricole et maritime ! quelle rapide accumulation de la richesse ! quel bien-être pour les masses, et pour l’éclat quel éclat et quelle grandeur ! On s’en souvent encore, car ces merveilles de croissance ne sont pas encore loin de nous, et ce n’est guère qu’en 1842 que le tarif de l’Union américaine est devenu sérieusement restrictif. Mais déjà ce bel astre pâlit, et le déclin commence. Sans parler des luttes sourdes que l’adoption du système soi-disant protecteur fait naître là comme partout, et qui pourraient un jour compromettre