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celui d’astrologue, et l’Égyptien Philon répète à plusieurs reprises que les Chaldéens ont inventé l’astrologie.

Le don le plus certain que l’ancienne astronomie de l’Égypte ait fait à A1exandrie, et par elle à Rome e : à toute l’Europe, c’est l’année dont nous nous servons, que nous appelons julienne, et qu’il serait juste d’appeler égyptienne. L’année de trois cent soixante-cinq jours un quart est originaire d’Égypte, M. Letronne l’a reconnu. Tout le monde sait que César fit faire, par un astronome d’Alexandrie, la réforme du calendrier à laquelle il a attaché son nom Ainsi, le véritable titre astronomique de l’ancienne Égypte, l’héritage quelle nous a réellement laissé, c’est l’almanach.

La médecine et la chirurgie, autant qu’aucune autre science, illustrèrent Alexandrie. Hérophile et Érasistrate y fondèrent l’école qui devait porter le nom de cette ville célèbre. Gallien y étudia et conseille d’y aller étudier l’anatomie. La chirurgie y fut cultivée avec succès et y reçut de précieux perfectionnemens. L’opération de la pierre, en particulier, ne se faisait nulle part aussi bien qu’à Alexandrie. Les enseignemens de, l’Égypte ont-ils été pour quelque chose dans les progrès de l’école médicale d’Alexandrie ? On serait tenté de le croire, car la réputation de la médecine égyptienne était grande chez les anciens. Hérodote parle de médecins voués à l’étude d’une maladie spéciale, et, selon Manethon, un des premiers rois de l’Égypte aurait écrit un livre de médecine. Mais, d’abord, on a peut-être exagéré la place que tenait la médecine dans l’ancienne société égyptienne. On a affirmé, par exemple, qu’en Égypte les murs des temples étaient couverts de recettes et de descriptions de maladies[1] ; cependant il est certain que ni Champollion ni personne n’a découvert jusqu’ici, sur aucun mur de temple, une recette ou une ordonnance. Les tableaux des tombes n’ont montré qu’un vétérinaire soignant des animaux, jamais un médecin soignant des hommes. J’ai relevé dans divers musées de l’Europe, sur plusieurs centaines de pierres funéraires, les noms des professions diverses qu’ont exercées ou les morts ou les membres de sa famille : J’y ai trouvé des prêtres, des officiers, des juges, etc. ; jamais je n’y ai trouvé de médecins. On ne sait pas encore comment médecin se disait en égyptien, et quels hiéroglyphes servaient à désigner cette profession. Je n’en conclus point qu’il n’y eût pas de médecins chez les anciens Égyptiens, mais seulement que la médecine n’y était pas aussi en honneur et aussi cultivée qu’on l’a dit. Quoi qu’il en soit, ceux qui ont le plus étudié l’histoire de la médecine grecque[2] s’accordent à penser, comme moi,

  1. Dict.. des Sciences médicales, t. XXXII, p. 11.
  2. Avant tous je citerai l’admirable traducteur d’Hippocrate, M. Littré, et après lui M. Daremberg, qui, j’espère, professera bientôt au Collège de France l’histoire de la médecine depuis Hippocrate jusqu’à Gallien.