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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 août 1846.


La France électorale a parlé. Que de commentaires se sont déjà produits ! Dès les premiers jours, les défenseurs les plus ardens du ministère ont proclamé son éclatant triomphe, et certains organes de l’opposition ont mis un singulier empressement à souscrire à ce jugement porté sur les résultats électoraux. Cependant des esprits plus avisés et plus calmes n’ont pas adopté de confiance cette appréciation précipitée : ils ont élevé des objections, des doutes sur les opinions qu’on prêtait à beaucoup d’élus. Il serait puéril assurément de s’épuiser en conjectures sur ce que feront et diront à la chambre beaucoup de députés nouveaux : peut-être en ce moment ils ne le savent pas eux-mêmes. Ce qui nous semble opportun, utile, c’est de constater ce qu’a pensé et voulu le pays en choisissant ses représentans. Précisons bien dans quel esprit s’est exercée la souveraineté électorale : nous verrons plus tard jusqu’à quel point la chambre sera fidèle aux intentions, aux sentimens de ceux qui l’ont nommée.

La France éprouve aujourd’hui une antipathie très sincère pour les opinions et les hommes extrêmes, les élections viennent de le prouver. Où trouvons-nous les échecs les plus notables ? A. l’extrême gauche, à l’extrême droite. M. de Cormenin succombe sous la double exagération de ses opinions démocratiques et de sa conversion ultramontaine. À Toulouse, M. Joly reste sur le champ de bataille. D’autres opposans très prononcés ont partagé son sort. Les pertes de l’extrême droite ont été plus nombreuses encore. Les légitimistes ont eu à pleurer le trépas politique du colonel de l’Espinasse, de MM. de Larcy, Fontette, Gras-Preville, Béchard, etc. ; on en compte, sur vingt-trois, jusqu’à seize, à la place desquels l’extrême droite n’a dans la nouvelle chambre que six représentans nouveaux. La compensation est faible. Il est vrai que parmi les nouveaux élus brille M. de Genoude, qui, nous n’en doutons pas, estime que son parti est vraiment victorieux, puisqu’enfin ce parti a le bonheur de l’avoir pour organe au Palais-