d’Uhlich. Les amis étant assemblés à Leipzig en 1842, le jour de la Pentecôte, le pasteur Uhlich leur lut un certain nombre d’articles qu’il acceptait comme exprimant plus particulièrement sa croyance ; il se défendait de vouloir jamais les imposer aux autres ; on ne les enregistra nulle part, et nulle part on n’imagina de les transfigurer en symbole, parce que les symboles, disait-on, provoquent nécessairement la discorde. Quoi qu’il en soit, Uhlich n’aurait pas eu tant d’ascendant sur ses frères, si leurs idées avaient beaucoup différé des siennes, et presque tous marchaient alors évidemment sur le même sol que lui. Voici ces articles :
« I. Élevé comme je le suis entre les créatures par ma seule qualité d’homme, je me sens néanmoins un être imparfait et défectueux : il me manque certainement quelque chose ; mais ce qui ne me manque pas, c’est un désir ardent de vérité, de paix et de vertu. — 2. Je ne trouve où satisfaire ce désir que dans le christianisme, et Jésus-Christ, son fondateur, en est pour moi la doctrine vivante. — 3. Je salue dans sa personne le plus sublime des envoyés de Dieu parmi les hommes, l’homme tel qu’il doit être, le seigneur et le maître auquel j’abandonne mon ame avec pleine confiance. — 4. Je crois aux points capitaux de son histoire, mais ma croyance repose avant tout sur la pureté de sa vie, sur la vérité de son enseignement, et, comme dernier et plus irrésistible motif, sur la conviction que je gagne, à le suivre, un bonheur éternel. — 5. Par Jésus, je connais Dieu pour mon père, et je m’efforce de l’honorer en esprit et en vérité avec un dévouement filial. — 6. Par les commandemens de Jésus, je prends l’amour pour guide dans toutes mes œuvres. – 7. Par Jésus, je sais que le but de ma vie est la sanctification, et qu’il faut s’en approcher toujours sans prétendre jamais y être arrivé. — 8. Ai-je failli sur ma voie et suis-je attristé de ma chute, c’est Jésus qui m’encourage en m’annonçant mon pardon pour prix du changement de mon cœur. — 9. C’est de Jésus que je tiens la promesse d’un esprit saint, d’une force divine qui circule dans toute la chrétienté, pénétrant aussi mon ame quand elle est assez pieuse pour s’élever en haut. — 10. Au terme de la lutte, de l’autre côté du tombeau, c’est Jésus qui me montre un plus sublime royaume de Dieu, où il y a des récompenses et des peines qui commencent déjà dans cette vie. »
Cette profession de foi de 1842 est inscrite tout au long dans les Bekenntnisse, publiés en 1845 ; elle y est étendue, éclaircie, commentée avec une franchise qui ne cache ni les objections ni les scrupules. Le langage du pasteur Uhlich a partout cet accent de sincérité qui est le plus grand charme des ames honnêtes ; il révèle sa pensée jusqu’au fond, non point qu’elle lui paraisse une règle absolue pour celle des autres, mais parce qu’il ne saurait la déguiser ou la restreindre, tant il