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point aux agens du travail, il s’en faut bien que pour les matières premières elles soient complètes. Aussi ne s’expliquerait-on même pas le succès que ces industries obtiennent sur les marchés étrangers si l’on ne considérait que la plupart des marchandises dont notre exportation s’alimente sont des produits de luxe, qui permettent à nos fabricans de racheter à certains égards, par la perfection du travail, le désavantage nécessaire des prix.

« La manufacture de laine, dit M. Richardson Porter, chef du bureau de statistique en Angleterre, est depuis long-temps pour la France, l’une des branches d’industrie les plus importantes, et l’excellente qualité de ses draps n’a jamais été contestée ; sur toutes les places du globe. La draperie française occupe le premier rang[1]. » — « Pour les fils de laine fine peignée, dit à son tour le docteur Andrew Ure dans son bel ouvrage de la philosophie des manufactures[2], les Français ont une grande supériorité sur les Anglais, d’après ce que j’ai moi-même vu chez MM. Griolet, fabricans à Paris. Il n’ont à craindre, à l’étranger, que la concurrence des filateurs saxons ; cependant on file plus fin et mieux qu’eux en France ; ils n’arrivent qu’aux 45 et 50 avec des qualités de laines que MM. Griolet filent jusqu’au no 80. Mais pour les gros numéros, les Anglais font à meilleur marché que les Français. » Et cela se comprend sans peine, puisque les Anglais ont à meilleur marché les matières premières, dont le prix importe d’autant plus que les étoffes sont plus communes, et qu’ils obtiennent aussi à de meilleures

  1. Progrès de la Grande-Bretagne, traduction de M. Chemin-Dupontès.
  2. Philosophie des Manufactures, ou Economie industrielle de la fabrication du coton, de la laine, du lin et de la soie, par Andrew Ure.