jusque dans les salons d’une aristocratie rétrograde ; malheureusement il n’y a au fond de ces rêves qu’un égoïsme stérile. Cette haine de l’Autriche, au nom de laquelle certains seigneurs voudraient se poser en condottieri de l’indépendance italienne, ne s’appuie sur aucun principe et n’a inspiré que d’absurdes déclamations. Les uns proposent de chasser l’Autriche sans combat, en toute amitié, dans son propre intérêt ; les autres proposent une ligue entre Naples et le Piémont pour partager l’Italie en deux moitiés, et jeter à la frontière ou dans les îles les princes de Modène, de Toscane, le pape et l’Autriche ; d’autres préfèrent une ligue italienne présidée par le saint-père, et qui aurait un double but, l’expulsion de l’Autriche et la conquête du monde ! On est allé jusqu’à indiquer comment on pourrait s’allier à l’Autriche, prendre service dans ses rangs et la trahir sur le champ de bataille en se livrant à l’ennemi. Que dire de pareilles chimères, où se cache mal, sous une naïveté apparente un étrange abus de l’esprit d’expédiens ? On veut fortifier les princes. Est-ce pour résister à l’Autriche pour la harceler avec des constitutions ? Non, l’Autriche n’attaque pas ces princes, et quant à des constitutions, ceux-ci n’en veulent point. C’est contre le libéralisme ; tranchons le mot, c’est contre la France qu’on cherche des auxiliaires. Il suffit, pour s’en convaincre, d’examiner les projets mis en avant par les partisans de l’indépendance italienne. Ces projets se réduisent tous à ressusciter les vieilles ligues conçues à Rome et à Naples vers la fin du dernier siècle. Ils viennent en droite ligne de la cour de la reine Caroline et des conciliabules sanfédistes. On ne trouve là qu’une pâle reproduction des idées réactionnaires de la vieille Italie en lutte contre l’invasions française, moins, toutefois, l’à-propos de la guerre, moins la franchise, moins l’excuse de l’inexpérience. Contre qui dirige-t-on aujourd’hui ces lourds pamphlets sur l’indépendance italienne ? Contre Napoléon. De quoi se plaint-on ? De l’ingratitude du congrès de Vienne envers la vieille cour de Naples si dévouée, si fidèle ! Que pense-t-on des Romagnols ? On déclare qu’indociles et factieux ils ne peuvent être gouvernés qu’au moyen de la force brutale ou de la conquête. On ne tarit pas au reste en protestations de dévouement au saint-siège, et faute d’idées, de vues pratiques, on finit par s’égarer dans le labyrinthe des artifices et des hypothèses. On fait figurer la révolution et la France tour à tour comme faibles, fortes, alliées, ennemies. A ce chaos de contradictions, qui ne reconnaîtrait l’absence de principes et l’influence persistante d’une politique de désordre et de ruse traditionnelle en Italie ? Très hardis quand ils remanient la carte géographique de l’Italie, les écrivains qui mettent en avant ces projets, ou plutôt ces rêves, évitent soigneusement les professions de foi ; il s’enveloppent volontiers de nuages ; ils veulent être commentés, interprétés. Leur but semble être de transformer la politique en une science de pure théorie. Parmi ces
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